Le 27 avril - Poligny - JURA

 

Après une courte nuit  pluvieuse,  et un nouveau somptueux petit déjeuner au Camping, nous partons vaillamment tôt le matin. Fatigués, certes, mais le cœur toujours chaud, nourri à chaque étape par tant d'amour et d'élan d'humanité de nos divers hôtes en France.

Nous sommes accueillis par le Maire et son épouse, le président de l’association ATD (Aide à Toute Détrese) Quart Monde et son épouse et de nombreux autres bénévoles de leur réseau associatif. Cette association tonique, très engagée a été fondée par le père Joseph Wresinski en 1946. Le bracelet de tissus que l'on nous attache au poignet porte sa phrase de rassemblement :

«  Là, où des hommes et des femmes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré  »




Renontre avec Dominique et Irène Leduque –  Boulangers bio à l'écol-lieu du Portail

Bel échange avec Dominique et Irène Leduque qui nous ont régalés avec leurs pizzas bIo préparées et cuites sur place...

Ce couple de boulangers bio a créé il y a trois ans l'écolieu du Portail sur la commune de Torpes en Saône-et-Loire avec trois agriculteurs en maraîchage et fabrication de fromages de chèvre et de brebis

Tout a commencé avec le rachat d'une exploitation agricole où se sont annexées des éco-constructions principalement en bois et matériaux dits de cueillette (paille, terre). La municipalité, consciente de la désertification a accueilli favorablement le projet.

Les produits sont vendus sur les marchés, dans les magasins spécialisés en bio et à la ferme le vendredi ainsi que sous forme de paniers de légumes (AMAP).

L'association Le Grain à moudre anime ce lieu en créant un tissu de relations locales avec les habitants du secteur.

Aujourd'hui le lieu compte une douzaine de personnes dont l'objectif est de vivre et d'habiter autrement en milieu rural. Le projet est d'accueillir d'autres personnes et d'autres activités sur le lieu pour créer une plus grande dynamique.L'appel est lancé ! Des annonces ont d'ailleurs été passées dans des revues alternatives.

Durant l'été, il vous est possible de camper sur le site (cuisine collective, toilettes sèches,...)

Après une formation en agro-alimentaire puis de fromager, Dominique devient animateur théâtre dans les écoles, lycées durant presque 17 ans, puis éducateur spécialisé dans un centre d'hébergement, et décide il y a 7 ans de devenir boulanger. Irène a cessé son activité en maison de retraite depuis un an pour être boulangère avec lui. On  sent une douce complicité avec leurs trois enfants, Silvère, Clémentine et Mathys Laurent, qui participent activement à l'animation de la journée.

Comme toutes les rencontres depuis le début de la Caravane, ce qui apparaît, c'est la richesse des parcours de vie et la façon dont toutes les compétences acquises convergent à un moment pour une réalisation de l'être.





Les autres iront au Moulin pour une rencontre inter-générationnelle : chorale des anciens , chorale d’enfants, et bien sûr quelques morceaux de Marc.

L’animation se poursuit avec une déambulation dans la ville : les enfangs déguisés accompagnent piano et caravaniers avec pancartes et instruments.


Un arrêt mémorable au kiosque pour écouter les performances d'un  atelier de percussions, avec instruments fabriqués avec du matériel de récupération (bidons de plastique, barils en carton, casseroles etc…). Beaucoup d’invitations pour le concert du soir où sont attendus caravaniers et artistes locaux.

L’après-midi se termine  par un spectacle de marionnettes «  L'agriculture a perdu la tête », qui avec beaucoup d’humour fait la promotion de l’agriculture biologique et des AMAP.


Un nouveau repas bio et convivial partagé avec tous inaugure la soirée qui démarrera vite avec  chanteur accompagné de sa guitare,  harpiste,  récit et chanteuse en solo, jeune trompettiste et bien sûr concert de Marc précédé du rappel de la philosphie de la Caravane.



Lors d'un dérapage contrôlé en rollers, la roue droite de la chariote à déambuler de Manu se fracasse contre le talus herbeux... Voilà Manu au bord du désespoir : ses rêves de cascadeur à roulettes sont pulvérisés pour le restant de la Caravane amoureuse ! Mais c'est à Poligny que nous sommes reçus ce jour-là et Pierre Bourgeois arrive jusqu'à nous avec La Solution :

1/ Emmaüs = pièce de rechange ;

2/ Ingéniosité = adaptation et montage.

Brigitte avec effarement voit Manu décliner l'offre de Pierre (il n'y a que de vieux trucs à Emmaüs, ça n'ira jamais sur une chariote dernier modèle!) et, convaincue, dans l'esprit de la Charte de la Caravane amoureuse, qu'une personne qui traverse les deux stades de basket pour offrir ses services dans un domaine technique aussi pointu, est sans l'ombre d'un doute Une Personne à Rencontrer, convainc Manu par le truchement de son enthousiasme naturel inaltérable ultraconvaincant.

Manu du coup suit Pierre, qui passe immédiatement à la réalisation technique de sa proposition, avec brio et un crochet de siège arrière de Citroën 2 cv (pour faire office de clavette), ainsi qu'un choix de micro cylindres métalliques de siège auto de bébé soigneusement rangés dans le stock des « ça pourra peut-être un jour servir » (pour faire office de réducteur de diamètre entre la Roue Emmaüs et l'axe de la chariote).

Il faut voir le regard de Manu qui s'émerveille du nouveau look de sa chariote, avec une roue de chariote et une roue de tondeuse ! Si c'est pas un look digne de KJ et Caribou, les deux vieux bus de la Caravane !

Et comment celui de Pierre s'illumine quand il explique ce véritable dénouement philosophique lors de ce moment crucial où le truc peut-être à jamais inutile, stocké peut-être en vain dans le stock du « ça pourra peut-être un jour servir »,  trouve sa place irremplaçable entre la Roue Emmaüs et l'axe de la chariote !

Réparer, rendre service, remettre dans l'axe.

Ca lui rappelle sa vie d'éduc-spé, comment remettre les jeunes « dans l'axe »...

Exigeant, il parle volontiers de coup de pied au cul. Le cas social se décourage facilement, mais chez chacun il y a une, des capacités, la capacité de s'en sortir. Persévérance ! C'est comme ça qu'ils s'en sortent. Pierre fait le parallèle avec ses vaches, auprès desquelles il a appris autant qu'avec son métier, ainsi qu'avec une mule pendant dix ans, et quand elle ne veut plus, qu'elle se met à ruer, c'est là qu'il faut continuer, surtout ne pas lâcher, aller jusqu'au bout, précisément à ce moment là ! Plus on réalise et plus on devient capable de faire. Tu sais, il y a des gens doués qui ne font rien du tout. Et des gens pas doués qui arrivent.

Il travaillait en insertion avec des 18-60 ans. Il les prenait quatre mois. S'ils avaient au moins cinq handicaps (santé, qualification, logement, …). Certains disaient, tu me prends pas parce que je suis pas assez dans la merde ? Exactement. Il fallait aussi vouloir s'en sortir   « Si tu veux te coucher, je me couche pas avec toi », il leur disait.                                         Des paroles qui valent bien un coup de pied au cul. Une approche peut-être un peu à l'ancienne,  où il reste toujours des cas parmi les cas sociaux qui passent à travers les mailles du filet social ?

Mais la fermeté de la volonté de Pierre et son ouverture de cœur font tellement chaud au cœur qu'on a envie de continuer à croire à ces termes qui recouvrent des réalités si complexes et difficiles, Relation d'aide... Insertion …  Education ….  Caravane amoureuse …...



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