Le 19 mai - Ras Jebel -

Le chemin de l’harmonie,

Ce matin, nous nous réunissons avec l’aide de notre animatrice Jalila, experte en communication non violente, pour exprimer notre ressenti, nos désirs, nos besoins. Rapidement, nous sommes en symbiose avec le désir de respect, authenticité, de justesse, de confiance, évacuant nos peurs. ( je vais pouvoir écrire sur l’après-midi d’hier !)  Le partage se fait avec nos amis accueillants : nous sommes tous des caravaniers ! Et chacun entendant nos besoins : liberté, spontanéité, sécurité, solidarité, informer pour faciliter l’adhésion…

Et une autre consigne : nos accueillants ont leur manière de dire ‘je t’aime’ : c’est en offrant quelque chose à manger.  A notre façon, nous avons suivi cette consigne. Chaque caravanier a offert un « souvenir » de sa région à nos amis : nourritures terrestres et spirituelle.

Nous allons co-créer avec le cœur, dialoguer au-delà des images ennemies. Il y a un champ/chant ? au-delà du bien et du mal, celui qui nous mène hors de la dualité blanc/noir… le gris a tellement de nuances et surtout pas celui de la tristesse !

En route pour Ras Jebel

Cet après-midi, nous prenons la route de la ville de Ras Jebel. L’espace est riche en cultures, les moissons sont déjà faites, oliveraies, eucalyptus. Nous allons vers le cap Blanc, pointe septentrionale du continent africain.

Tu m'as happéEnfin le car s’arrête et nous sommes accueillis par le personnel d’un Centre d’handicapés, ouvert il y  a 5 ans. Il est resplendissant comme les visages des enfants et des adultes qui fréquentent ce lieu. Des ateliers de couture, broderie, tissage, poterie, une salle d’exposition valorisant le talent de chacun. Une directrice que les enfants embrassent comme du bon pain et qui me confie toute sa joie d’animer cet établissement. J’arrête mes questions car je sens monter en elle tant d’émotions de tendresse et d’instants uniques. La couturière qui est aussi la cuisinière me fait visiter sa cuisine propre et parfaitement équipée avec de grands plans de travail. La fierté ! Elle me confie : « Je n’oublie pas  le sel et le poivre mais l’ingrédient le moins coûteux mais le plus parfumé c’est l’Amour alors j’en verse à en faire déborder les casseroles ! ». Une animatrice me dit : «  Ces enfants, ce sont des anges ».

Et puis j’entre dans une salle d’atelier où des enfants remplissent des coloriages avec une application studieuse (le jaune ne doit surtout pas déborder !) A peine entré dans un autre atelier, le regard d’un enfant me happe immédiatement, il me tend les bras et c’est une étreinte sans fin nourrie de baisers délicieux.

Comment ne peut-on pas être ému par ce rayonnement qui se poursuivra autour du piano où Cathy  distille sa douceur puis laisse l’espace aux enfants, timides, frappant une touche puis l’autre et émerveillés osent dérouler tous les doigts de la main.

Enfin dernière anecdote : Mourad est poète et moi qui le suis aussi ! Comment n’aurais-je pu passer à côté de lui ?  Il lui manque le bras gauche. Il est allé à Moscou pour recevoir une prothèse mais celle-ci n’est pas très performante. Il lui faudrait rassembler beaucoup d’argent pour qu’en France on lui en réalise une plus ajustée.  Je vous livre le poème hommage qu’il a offert à Magali.

Duo improviséNotre Centre c’est génial
Puisque leurs cadres : génial.
Que le Dieu les protège
Puisque mes amis
Possèdent un Amour fatal
A faire des choses originales

Mourad de Ras Jebel

Dernier souvenir, la dextérité de ce jeune tisseur, métier vertical où rassemblant 4 brins de laine d’un doigté souple et efficace il enroule les brins autour des fils de trame et de ses ciseaux ajuste la longueur. Cela donnera un tapis épais, dense et confortable. Une année de travail pour une surface de 2m2.  Quelle patience, quelle humilité se dégage de cette œuvre inestimable ! Et quelle fierté remplit les yeux de cette nouvelle !

Claude

Centre d’accueil des personnes atteintes d’un handicap physique ou mental de Ras Jebel.

Que d’Amour, de disponibilité, de générosité, la bienveillance, la liberté et de naturel  en ce lieu !

La directrice, les éducatrices nous accueillent avec leurs regards chaleureux. Leurs mots authentiques tout simples expriment la sincérité de leur cœur : « Vous êtes les bienvenus ». Une éducatrice me témoigne, «Je donne tout à ces enfants comme si c’était les miens ». Je suis aussi touchée par l’attitude si tendre et si naturelle vis-à-vis de ces personnes, des jeunes tunisiens qui partagent la caravane avec nous. Un d’entre eux me répond : « Ce que l’on donne, c’est pour nous aussi. Cela nous fait grandir. Cela nous rapproche du divin. On devient plus humain, plus grand en humanité. »

Une rencontre émouvante avec cette femme engagée auprès des enfantsNous rejoignons ces enfants qui fréquentent ce centre.  Nous contemplons des visages uniques, des personnes uniques. Nous guettons une complicité, un sourire : « S’il te plait, apprivoise-moi !». Puisque le temps est si court, je choisis de rester avec un seul enfant. Le temps qu’il nous faut pour allumer nos yeux, une étincelle. Le temps d’un jeu, d’un sourire, un geste simple, un câlin.  Il prend sans cesse mon bras, pour que je l’enveloppe. Je suis émue par son regard et par sa proximité. Dans ce centre d’accueil de jeunes personnes handicapées physique et/ou mentales  de xx à 30 ans, plusieurs activités pédagogiques ou de travail artisanal pour les plus âgés : tissage, broderie, poterie ….. J’observe deux jeunes filles atteintes de trisomie qui brodent. Je suis fascinée par leur patience et leur persévérance pour cette tâche minutieuse.

Leur force : elles vivent entièrement l’instant présent.  Et nous, où en sommes-nous ? … les personnes vulnérables sont nos maitres…. 

Première caravane : Propos d’une  caravanière néophyte

Les déambulations sont un moment fort de la vie des caravaniers. Je n’en ai encore jamais fait l’expérience.  

La déambulationNous arrivons à Ras Jebel en fin d’après-midi ce lundi 19 mai. Aux coups d’œil surpris ou médusés des habitants devant le spectacle insolite d’un homme – Antoine – installé dans une remorque derrière le clavier d’un piano à queue ont succédé l’enthousiasme et la joie sur les visages : un regard, une main posée sur le cœur, enfants, jeunes, vieux et très vieux, femmes et hommes, nous marchons en cortège derrière le piano.

Ensemble.

Ensemble pour la paix, pour la confiance, pour la joie, ensemble pour porter l’espoir des peuples. Il y a des odeurs d’essence et des rires, un volet qui s’ouvre au 3e étage d’une maison, une main qui s’agite : bienvenue… Merci… Une caravanière offre de petits cœurs de papier, fragiles. Les clowns font des cabrioles et tout le monde rit. La caravane pour la paix traverse la ville mais c’est nous qui sommes débiteurs : merci pour l’accueil, pour la chaleur des cœurs merci pour l’authenticité.

Cécile de Nevers

Le rythme des musiciens nous entraîne dans la danse

Le bisou du clown

Après cet intense moment à Ras Jebel, qui a touché les caravaniers et réellement donné le ton de la Caravane Amoureuse, retour à l’hôtel pour une petite demi-heure de rafraichissement, avant de repartir pour un dîner dans une somptueuse maison traditionnelle reflétant toute l’architecture et la décoration bizertines.

Un plat aux saveurs épicées nous est servi ; puis les pâtisseries et le thé à la menthe accompagnés par quatre jeunes musiciens. Leurs chants polyphoniques traditionnels nous transportent puis nous entrainent dans une danse envoutante.

A 22 heures, nous retournons vers l’hôtel pour une nuit chargée de ces images et sonorités inhabituelles.

Rencontre avec un des musiciens qui animèrent cette belle soirée

Wahb est un jeune bizertin de 29 ans. Sa famille, originaire d’Andalousie, est installée dans la vieille ville de Bizerte depuis plusieurs générations. Ils sont 8 frères.

Wahb est éducateur/animateur pour les enfants et professeur dans une école pour directeurs de jardins d’enfants. Il est très engagé dans tout ce qui touche au domaine de l’enfance et participe à des réflexions nationales pour l’éducation des jeunes. L’objectif est de proposer des activités autres que la télévision, Internet et de les remotiver pour aller à l’école. Wahb propose par exemple des ateliers de réalisation de films sur des sujets tels que le tabagisme.

Son travail d’éducateur est rémunéré pour 18 heures, mais son engagement est beaucoup plus important. On sent tout l’amour qu’il a en parlant des enfants, “c’est ce qui nourrit ma vie’’.

Wahb est aussi musicien dans un groupe de musique traditionnelle bizertine.

C’est comme ça que nous l’avons rencontré. C’est un des quatre merveilleux chanteurs qui ont accompagné la soirée, nous faisant découvrir les chants tunisiens rythmés par les tambours. Inspirant quelques danses, guidées par nos jeunes amis tunisiens qui accompagnent la Caravane.

Témoignage d'Annie M, récemment blessée au bras.

Annie« Je tiens à rassurer ma famille et mes amis, je vais bien et suis sereine avec ma blessure, même si je me passerais volontiers des antibiotiques ! ». Me dit Annie de sa voix douce, citant un caravanier philosophe dont les mots résonnent dans l'esprit de chacun tandis que Marc Vella ne peut rejoindre cette caravane pour raisons de santé.

« Oui, je sens bien que tout ce qui se passe est juste. J'ai confiance en la vie pour me rétablir et profiter de la suite de ce projet magnifique. Mieux encore, je sais que je suis au meilleur endroit pour guérir grâce à tout l'amour que les caravaniers et les organisateurs m'apportent depuis les premiers instants de ma chute, puis à la clinique, où j'ai été prise en charge avec tant d'humanité.

Cette expérience me rappelle à quel point chaque individu est l'artisan de Dieu, comme cette femme qui a si bien pris soin de moi à l'hôpital. J'ai été touchée par les paroles bienveillantes et les encouragements reçus de toutes parts, en plus des visites et des nombreux bouquets de fleurs trouvés à mon réveil. Je me sens entourée de délicatesse, la présence constante des caravaniers tunisiens et européens m'apaise et me reassure. Une présence qui guérit tout simplement.

Je comprends et rejoins les mots de Marc Vella face à l'accueil de la souffrance. Bien sûr, cet événement a suscité beaucoup d'émotions en moi. Il marque la fin d'une période de ma vie. Il est formidable de pouvoir l'accepter et "aller avec" cette partie plus grande que nous, qui sait mieux que nous où elle nous mène, car tout est juste en vérité.

Cette expérience m'a révélé une fois de plus, l'importance d'être confiante face aux "accidents divins" qui me font évoluer personnellement. J'ai aussi beaucoup appris de l'optimisme indéfectible des tunisiens. Un optimisme non feint, enraciné dans leur confiance absolue que des solutions existent pour chaque situation.

Je vais peut être passer une partie de ma retraite à Bizerte, comme me l'a proposé Sofien (mon "ange-gardien" infirmier). C'est une certitude, je reviendrai dès que possible pour un prochain voyage en Tunisie. »

Annie s'est cassé le bas gauche dès le premier jour de la Caravane.

Témoignage recueilli par Mélanie

 


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