Je suis née pour contempler la beauté. Moi-même, porteuse de beauté, de force, de lumière.
La beauté est comme une source où j’ai besoin de boire pour me désaltérer, pour accepter le monde, pour vivre.
Il m’a été donné de contempler la beauté dans ma vie. Je l’ai trouvée dans le regard de mes enfants où j’ai vu la confiance absolue. Dans le visage changeant de la Loire que j’aime tant. Il y a aussi un arbre que je connais : son feuillage très fourni s’illumine de vert tendre sous la caresse du soleil au printemps. C’est au bord de la Nièvre.
Et il y a un jardin empreint d’une si grande harmonie qu’on voudrait l’habiter et n’en jamais revenir.
Un jour, j’ai vu une baleine. Son dos noir et brillant est sorti de la mer en une courbe à la fois puissante et gracieuse. Des sanglots d’émotion, de gratitude et de joie m’ont secouée : quelle merveille !
Il m’a été donné de vivre pour contempler la beauté du monde et j’ai vu ce matin. J’ai vu le désert pour la première fois. Je ne sais pas si d’autres ont vu ce que j’ai vu, dans le silence et la paix intérieure mais j’appelle chacun à s’apaiser, à se centrer, à ouvrir son cœur pour accueillir ce cadeau de la Terre.
Cécile de Nevers
Départ à 8h30 ce matin en direction de l’Ouest et du désert.
Après 1h30 de route qui a laissé le temps à quelques beaux partages au micro dans le bus, un texte, une chanson nomade, un témoignage de première visite du désert… première halte à Kebili. Nabil, qui sera notre guide pour quelques jours, nous rejoint. Dans un petit jardin-palmeraie, un café turc, du coca tunisien aux saveurs de fraise-banane et de l’eau nous sont servis. A notre étonnement, depuis le début du voyage, le thé n’est pas coutume.
Nous faisons ensuite halte au petit supermarché local pour quelques courses avant le désert : fruits, biscuits, fruits secs, halwa et chocolat pour les gourmands, maïs, pois chiche, haricots rouges pour les enfants… Un grand choix de produits est disponible dans cette ville du Sud tunisien.
Le restaurant qui nous accueille est tout proche, une table est réservée aux végétariens.
Pour la fête des mamans, Christine offre chaleureusement à chacune de belles gousses de vanille ramenées de l’île de La Réunion où elle vit. Le service est rapide ; pour ce déjeuner, salade de tomates et concombres, que l’on retrouve à chaque repas, riz accompagné de frites et de poulet, pastèque en dessert. Nous sommes surpris de l’attrait des tunisiens pour les frites et du fait que, malgré un grand métissage de populations, la cuisine que nous découvrons pour le moment n’offre pas la variété à laquelle on pourrait s’attendre.
Nous repartons pour près de 2 heures de route en direction de Tozeur, route magnifique à travers ces lacs salés que sont les Chott El Jérid et El Fedjej. Paysage surprenant que ces étendues blanches scintillantes, ponctuées de cuvettes d’eau rouge de-ci de-là.
L’accueil à Tozeur est encore une fois si généreux. La musique retentie et à peine descendus du bus, les caravaniers se laissent portés par ces sonorités entrainantes dans une joyeuse danse partagée avec les locaux ; la caravane amoureuse s’est arrêtée devant une grande salle où l’association ESPOIRS d’aide à domicile pour les personnes ayant un handicap profond expose des objets traditionnels vendus pour leur soutien. La fête se prolonge dans ce lieu coloré où, pour la première fois, ce sont des femmes qui sont aux percussions ; les ‘li li li li li’’ fusent, la danse se poursuit et nous faisons toujours beaucoup rire par nos essais de déhanchements manquant de souplesse ; de beaux échanges se font dans cette ambiance joyeuse. Il fait chaud et chaque caravanier reçoit un petit éventail en paille en cadeau de bienvenue, du thé à la menthe, des dattes.
Puis les responsables de l’association nous guident vers l’extérieur où des calèches précèdent le piano qui va déambuler à vitesse rapide pour nous conduire vers une grande esplanade où nous sommes attendus pour une merveilleuse fin d’après-midi.
Nous découvrons le folklore local : spectacle à cheval, danses avec une pile de cruches en équilibre sur la tête, musique. Les tunisiens aiment quand la sono rugit et chaque intermède est accompagné de ces airs modernes qui contrastent tellement avec la douceur du piano et le temps de pause et de silence que propose Cathy.
Le piano est ensuite accompagné pour un trio avec flûte et tambour qui s’accordent parfaitement. Le public est nombreux, avec les personnes handicapées qui sont venues en minibus, et les mamans de la ville qui ont été conviées pour leur fête.
Les caravaniers vivent chacun leurs rencontres, un échange au-delà des frontières linguistiques, un regard, un sourire, une danse.
Toute notion de temps est perdue, le soleil se couche magnifiquement, avec ces couleurs ajoutant un peu plus de feu et de chaleur à cette grande fête. Nous prolongeons ces instants en rejoignant l’hôtel en cortège pédestre.
La journée, déjà remplie de tant de beauté, n’est pas terminée…
Après un court rafraichissement, le temps d’une petite douche, nous ressortons pour un dîner dans un cadre somptueux, digne d’un conte de fée.
Il est tard mais nous ne résistons pas aux charmes des danseuses qui nous entraînent encore dans des danses envoutantes.
Et autre surprise : après ce repas raffiné, une visite de musée nous attend dans ce même lieu… Du Big Bang à nos jours… Incroyable exposition en plein air, sous un ciel étoilé… Dinosaures qui nous dépassent, art bouddhiste, grec, juif, pyramides, Arche de Noé et chemin entre 2 murs d’eau pour retracer l’Histoire Chrétienne, immense maquette d’une Mosquée… Nous sommes encore hors du temps, dans un espace surréaliste, digne d’un rêve, et sortons après minuit… Pour encore témoigner de la générosité tunisienne, nos amis Aymen, Marouen, Ramzi et Sofiane, qui nous accompagnent tant qu’ils peuvent prendre des disponibilités dans leur travail, nous quittent. Ils rouleront toute la nuit, pendant près de 9 heures, pour enchainer sur leur semaine de travail. Difficile départ de ces caravaniers au grand cœur qui veillent sur nous comme des anges, mais nous les retrouverons à Bizerte pour la clôture de ce périple tunisien.
C’est à une heure tardive que le sommeil prolongera ces rêves que nous a offert une si belle journée.
CHOUKRAN !
Après une itinérance dans la ville remplie de sourires lancés aux passants, nous arrivons sur un vaste terrain où nous attendent avec impatience des dizaines de personnes dont le gouverneur de Tozeur, des musiciens et des cascadeurs équestres. Accueil phénoménal une fois de plus. Le spectacle commence. Ils nous éblouissent de leurs prouesses. Les danses et farandoles avec les enfants, les adultes et les personnes handicapées se succèdent dans les rires, les sourires et les embrassades. Puis vient le moment pour moi de m’assoir au piano. Je joue une de mes compositions puis arrive un moment inattendu et tellement réjouissant : le joueur de flûte monte dans la remorque et commence à improviser un thème. Je le rejoins musicalement. Puis un percussionniste du groupe de folklore traditionnel vient compléter le duo formé, assisté discrètement du leader du groupe par de petits signes de guidage. Ça y est, la magie prend forme, nous improvisons véritablement ensemble dans la joie et la fluidité. L’écoute est là, de nous trois et du public. Tout le monde semble heureux de ce partage et de cette alliance éphémère. La musique prend fin naturellement et la fête suit son cours dans une connexion encore plus forte.
Cathy
Ils sont beaux, ils sont purs
Les enfants de Tozeur,
Ils sont vifs, ciel d’azur
Ces enfants au grand cœur.
Les filles des princesses,
Des princes les garçons,
On les aime avec tendresse,
Dans cette belle maison.
Ils tissent et décorent
Robes et tapis, de broderies,
Enfilent les pierreries
Pour des colliers d’ambre et d’or.
Qu’ils ne parlent ou n’entendent
Qu’ils aillent en fauteuil roulant,
Qu’importe le handicap,
C’est la vie qu’ils captent.
Car ici c’est l’Amour
Pour s’aimer chaque jour
Qu’on partage et des roses
Dans les cœurs on dépose.
Ce fut un grand bonheur
De venir à Tozeur,
Jouer flûtes et tambourins
A vos rythmes nous joignons nos mains !
Claude
C’est au son des flûtes et des tambourins, du oud et des mélodies enchanteresses que la nuit est tombée. Les caravaniers sont arrivés, les palmiers faisaient comme une voûte au-dessus d’eux, des bougies posées au sol traçaient le sentier qui s’ouvrait sur une clairière où les tables du festin étaient préparées. De grandes nappes blanches les recouvraient, des assiettes rouge grenat étaient posées et des verres, des coupes étincelantes, la lueur d’autres bougies. Déjà des bolées d’olives vertes et noires attendaient les convives. Une atmosphère d’amour émanait de ce décor et une haie de serveurs dans leur uniforme brodé, sobres et attentifs, se tenaient prêts. Quatre jours et quatre nuits avaient à peine suffit pour tout préparer ! Une grande émotion maintenant s’élevait des cœurs des caravaniers. Quoi, tout ce faste et cette beauté pour nous ! Sommes-nous dignes de cette attention, de cette douceur, de ce miel parfumé aux fragrances de l’hymne à la bienvenue.
Des mets aux saveurs inattendues, sans excès, juste ce qu’il faut pour satisfaire la faim et des fruits mûrs et colorés.
Tout à coup, c’est une fanfare de sons, au rythme du tambourin et deux danseuses argentées apparurent. Des élans langoureux, quelques effluves voluptueuses, ravissement des yeux pour une nuit de rêve…
Mais si les rêves s’élancent en florilège, la vie, elle, vient de loin. En ce lieu aux portes du désert, Tozeur, un homme visionnaire propose un grand voyage du Big Bang cosmique à nos jours. C’est un long voyage marin puis terrestre où la Nature en sa démarche associative nous époustoufle à nous couper le souffle. Mais plutôt celui du Souffle initial que les religions se sont appropriées chacune à sa manière dans la transmission d’une connaissance universelle.
Cette description nous introduit sur les chemins mystérieux de la Sagesse et, d’où que nous venions, laisse la liberté de nos racines s’exprimer dans le respect.
N’est-ce-pas l’heure pour notre auditeur nocturne d’écouter enfin son cœur et de libérer la belle conteuse dans sa quête de l’Amour vrai ?
Il n’y aura pas de mille et deuxième nuit. La conscience est là, allons ensemble goûter le festin du partage, de la tendresse et de l’Unité.
Claude