Qu’est-ce qui pousse une quarantaine de personnes et un piano à queue à partir loin de chez eux, en territoire inconnu et dans des conditions pas nécessairement confortables ?
Lorsque Marc Vella, le créateur de La Caravane Amoureuse, nous a posé la question, les réponses ont été assez unanimes, et les yeux ont pétillé :
. « J’ai envie de voyager autrement »
. « Je voudrais rencontrer d’autres humains »
. « Je ne suis pas musicien, mais j’ai envie de partager la musique avec les autres »
. « Je vais vous suivre dans cette aventure »
…
Alors, quoi ? La Caravane Amoureuse, agence de voyage pour nouveaux hippies bobo-bio à la fleur de l’âge ??
Dire cela ne serait pas seulement réducteur, ce serait faux.
« Le Coeur de l’Homme, patrimoine de l’Humanité ».
Le sous-titre de la Caravane Amoureuse est « Le Coeur de l’Homme, patrimoine de l’Humanité ».
De fait, lors des réunions de préparation de ce voyage, après le premier tour de table, Marc s’est exprimé.
Il a partagé ce qu’était pour lui la Caravane Amoureuse.
Et en quelques minutes, l’énergie des caravaniers est passée, de la tête, au coeur.
Car c’est bien du coeur dont il s’agit.
Le coeur de Soi, et le coeur de l’Autre.
Partir en Caravane Amoureuse, c’est offrir son coeur.
Pas question ici d’un quelconque « tourisme musical ».
Pas question ici d’aller voir l’autre comme une curiosité exotique pour le mettre en boîte dans son smartphone.
Le coeur de l’Homme ne peut être enfermé.
Aller voir l’autre, oui.
Avec humilité, d’égal à égal.
En se laissant accueillir, et en offrant ce que l’on est.
Ici, le piano est un trait d’union entre les Hommes.
Il permet la rencontre, la favorise, la façonne.
Les notes remplacent les mots, car la langue du piano est universelle.
Et la musique devient un catalyseur d’amour.
« Les invasions autrement ».
Invasion. Voilà un mot fort.
L’humanité en a connu de multiples.
La plupart ont été sources de conflit, de terreur et de sang.
Avec la Caravane Amoureuse, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des hommes envahissent un pays, sans botte, ni arme.
Avec des chants, des danses et des mots d’amour.
Et surtout, avec l’intention de repartir.
Après avoir dit à l’autre, tout simplement : « Je t’aime, tu es magnifique. Nous ne sommes pas différents, et ta beauté m’honore. »
Ecrit comme ça, cela peut paraître désuet, mielleux, voire un peu bête.
Et pourtant. Quelle énergie peut-être plus rassembleuse que celle de l’amour ?
Dans une société où nous sommes enclin à croire que « Je t’aime » est réservé à son mari, sa femme, ses enfants ou ses parents, la Caravane Amoureuse nous invite à faire émerger l’amour universel qui dort en nous.
Pour enfin le donner sans retenue.
La Caravane Amoureuse, c’est envahir le coeur de l’autre avec son propre coeur.
C’est s’autoriser à déclarer son amour au monde entier.
Quelle intention derrière tout ça ?
Alors pourquoi ?
Pourquoi dépenser de l’argent, du temps et de l’énergie pour aller dire « Je t’aime », à l’autre bout du monde, à quelqu’un qu’on ne reverra sans doute jamais ?
Est-ce pour, en quelque sorte, faire réparation de toutes les invasions guerrières ?
Est-ce une façon de se faire pardonner les crimes de l’Homme ?
A-t-on pour ambition de changer le monde, façon power-flower new age ?
Chaque caravanier a ses propres intentions, conscientes ou non, et il serait bien hasardeux de s’aventurer à les définir d’une seule voix.
Car la Caravane Amoureuse c’est aussi cela : réunir les individualités, et faire émerger de cette richesse un formidable élan de contribution et d’engagement.
Chacun des caravanier est invité à partir à la découverte du territoire le plus inconnu et le plus magnifique qui soit : lui-même.
Ainsi, si la Caravane Amoureuse porte en elle l’écologie, le respect de l’humain et de la Terre, elle est aussi un formidable terreau d’ « écologie relationnelle ».
Car comment dire « Je t’aime » à l’autre sans commencer par se dire « Je t’aime » à soi-même ?
Une prière d’Homme à Homme, du concret et des concerts.
Quel processus merveilleux : se dire « Je t’aime » à soi-même, dire « Je t’aime » aux autres membres du groupe, pour enfin, dans un élan commun, dire « Je t’aime » au monde.
Tout cela ne rimerait à rien si cela ne s’inscrivait pas dans un mode de vie très concret.
Ici, l’expression « terre à terre » prend tout son sens.
Car pour que le piano puisse résonner dans l’authenticité des tribus et des villages, il faut le porter jusque-là.
Le transporter, et se déplacer sur les chemins sinueux.
Dormir dans des conditions inconnues, peut-être improbables.
Nous qui, en Europe, avons remplacé le mot « camping » par « hôtellerie de plein air », nous allons devoir renouer avec notre nature profonde d’homme nomade.
Les pieds ancrés dans la Terre de Casamance, qui, depuis le début des années 2000, s’est vue replantée de millions d’arbres, grâce à l’engagement, là aussi très concret, d’un de nos hôtes : Haidar El Ali.
Le piano, de par ses caractéristiques vibratoire et sa relative difficulté à être déplacé, est un symbole fort.
Symbole de la difficulté qu’il faut dépasser pour enfin parvenir à être authentique avec soi-même et les autres.
Symbole également de la joie, du bonheur, et de la profonde expansion qui nous attend lorsque nous y arriverons.
Au contraire de ce que peuvent dire certains auteurs de lieux-communs, non, il n’eut pas mieux valu jouer de l’harmonica.
Alors oui, après les journées de préparation vécues ensemble au Domaine d’Essart, à Génac, nous ne savons pas encore vraiment ce qui nous attend.
Mais nous savons deux choses :
. Tout ce qui a été énoncé lors du premier tour de table va arriver.
. Et bien plus encore. Ensemble.
Texte proposé par Aymeric.