Aujourd'hui, après tout juste une semaine, Françoise R. quitte la Caravane...
Le petit déjeuner, de nouveau composé de pain sésame et de confitures s’étale de 7h30 à 8h30, chacun peut ainsi choisir de s'adonner au yoga, dormir plus, faire sa lessive ou tout simplement apprécier le lever du soleil face à la montagne sacrée. Un groupe est prêt pour se rendre près de Tiruvanamalaï à l’orphelinat « Karunya Family » fondé par Arunachala Shiva. Nous ne serons que 25 caravaniers pour cette visite afin de respecter l'intimité des enfants qui y vivent et ne pas risquer de les effrayer par notre trop grand nombre.
Ceux qui ont choisi de rester à l’ashram, pourront vaquer à leur tâche (écriture du journal de bord, fontaine d'eau, etc...) ou à leurs occupations personnelles (lessives, courses, etc...).
En cette matinée ensoleillée, nous sommes accueillis par Scooby, le chien de l'orphelinat. Il remplit son rôle avec fébrilité distribuant son trop plein d'affection de part et d'autre. Le lieu est calme et serein.
Mme Karunya, directrice de l'établissement, le sourire bienveillant, est notre hôte. Australienne d’origine, elle vit à Tiruvanamalaï depuis 30 ans, c'est ici qu'elle a décidé de fonder cet orphelinat avec son mari tamul. Elle n’avait jamais imaginé qu’un jour, un piano viendrait jusqu'à ce lieu. Elle-même musicienne, est bouleversée par ce geste d’amour orchestré par cet homme épris d’humanité qu’est Marc Vella.
Le piano est installé sous un dais de tissu coloré dans la cour de l’école.
Scooby toujours très présent, allant de l'un à l'autre, signifiant son plaisir de la rencontre, prend royalement sa place protectrice et bienveillante entre les enfants et nous-mêmes. Ils sont tous là et nous attendent, assis en tailleur ; trop tôt vidés de l'insouciance enfantine, leurs regards en disent long... après une prière de bienvenue...
Marc ose la rencontre en les titillant avec des mots qui décrochent les sourires et puis il se livre totalement avec ses notes de musique...
Cathy joue un magnifique air de flûte rejointe par Catherine au violon... Ce duo improvisé nous met en « suspension ». Olivia poursuit en jouant un morceau de piano et certain(e)s Caravaniers(ères) se retrouvent submergé(e)s par une forte émotion laissant couler quelques larmes sur leurs joues... L'instant est émouvant, c'est l'osmose parfaite.
La musique a su rejoindre tous ces petits cœurs trop tôt blessés. Nous palpons la fragilité de la relation tissée entre ces enfants et les adultes que nous sommes. Elle est cristalline et subtile mais emplit de tous les possibles d'avenir. Une douce farandole clôt ces instants où la magie de la Vie opère...
Remerciements chaleureux...
Les Caravaniers se retrouvent pour un déjeuner délicieux composé de beaucoup de légumes, de riz blanc et complet, de soupe, de « chapati » (galette croustillante traditionnelle) et de curd (yaourt liquide). Vers 15h nous partons pour un concert dans un parc de Tiruvanamalaï . Le piano est déjà installé sous le kiosque en forme de temple. L'endroit est fleuri, beaucoup de familles sont là, et les enfants s’amusent sur les balançoires, les tourniquets, à marcher en équilibre sur le serpent de pierre au milieu d’un bassin. Des fleurs de bougainvilliers colorent le paysage tout comme les saris des femmes et les vêtements des enfants. Beaucoup de curieux s’agglutinent autour du piano et Marc commence à jouer. Les regards sont intenses, des occidentaux sont là aussi, touristes ou habitants de la ville. Une jeune femme se met à accompagner Marc en chantant. Quelle belle harmonie !
Les juniors de la Caravane Amoureuse jouent avec des enfants indiens ; ils s’amusent comme des fous. Un enfant danse, autre note vivante se laissant emporter par la musique. ..Petit à petit l'ambiance nous invite.
Les Caravaniers entraînent hommes, femmes et enfants au son du violon de Catherine qui s'élève dans un autre patio pour une folle farandole. Une caravanière est invitée à danser par un jeune indien, la beauté de cette génération rayonne.
Un homme habillé tout en blanc, élégant, demande à pouvoir chanter avec Marc. Belle synchronie d’une voix et de notes unifiées. Ici, dans ce lieu public, nous sommes à nouveau témoin de l’universalité de la musique, elle rassemble, elle unifie dans ces instants d’improvisation qui peuvent nous rapprocher de la grâce et qui sont possible à tous.
L’ambiance est légère, et notre cœur joyeux. Le soleil baisse et les couleurs sont à leur apogée de beauté. A 18h le parc ferme et le gardien nous rassemble vers la sortie où nous faisons une haie d’honneur au piano, vieux de 40 ans. Il en a vécu de belles aventures cet alter-égo de Marc ! Nous retrouvons l’ashram et sa tranquillité pour bientôt dîner tous ensemble et partager nos impressions et nos sentiments. Le ciel est toujours magnifiquement étoilé et quoi de mieux pour pouvoir s’endormir que continuer de rêver !
Le matin, ceux qui veulent montent dans une montagne voir une petite grotte.
Nous, nous restons nous reposer.
L'après-midi, nous venons faire un concert dans un parc. Il est très joli. Il y a une aire de jeux pour les enfants. C'est marrant car les sièges des balançoires, c'était des pneus. Il y a beaucoup de bougainvillées. Sous un petit abri, Marc et d'autres caravaniers jouent du piano. Les Indiens écoutent.
Après, nous sommes tous contents d'aller nous coucher.
Camille, Jenna, Paul
Caravane de neuf vaisseaux blancs
Dans le soleil indien
Passage piste légère si vite effacée
Gestes d’accueil, de mots, de regards échangés
Piano, bivouac, caravaniers
Les contacts, musique, amour créé
Ecole ou centre, l’oasis étend ses ailes
Vague d’élan, de joie, d’espoir, d’harmonie
Reflétée dans les yeux des enfants
Et de tous ceux présents
Et la vie danse, amour de vie
En pulsion du cœur partagée
André
« La musique comme vecteur de rencontres au-delà des obstacles de mots, de cultures, de peurs de nos différences, voilà ce qui m’a attirée dans cette Caravane Amoureuse. J’ai particulièrement eu le sentiment de le vivre lors de mon improvisation au violon avec Marc, à l’orphelinat qui nous a accueillis proche de Tiruvanamalaï.
La première démarche des enfants a été de se tourner vers Ganesh avec une prière chantée avec ferveur. Déjà une frontière de religions s’est écroulée. Puis les premiers sons de piano ont aboli la frontière de nos clichés socio-culturels : eux petits orphelins d’un pays pauvre, et nous riches de trop de nourriture et de produits culturels. Puis le morceau à quatre mains avec l’un des enfants qui a réduit à néant la frontière imaginaire entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas ». L’intervention de Cathy, avec sa flûte, a parachevé cette abolition des frontières en unifiant la matière et le monde subtil.
Quand je me suis levée, nous avions tous atteint une qualité d’écoute rare. Et j’ai vraiment pu jouer dans un cœur à cœur avec tous ceux qui étaient là. Et spontanément d’autres caravaniers y ont joint leur voix.
Expérience inoubliable d’unité. »
Catherine