Le soleil nous a encore accueillis ce matin et la journée s’annonce belle.
Les femmes de l'ashram nous offrent chaque matin un magnifique kolam.
Cette tradition est entretenue et transmise de mère en fille. Elle est tout à la fois un signe de bienvenue dans la maison, un salut à la journée et au soleil qui se lève tout en exprimant l'humeur du jour.
Souvent blanche, colorée les jours de fête, la poudre de roche s'écoule délicatement entre leurs doigts pour créer ces motifs renouvelés jour après jour.
Nous partons vers 9h après le petit déjeuner pour nous rendre à Tiruvanamalaï. Nous allons gravir le Mont sacré Arunachala, et nous rendre dans l'une des grottes où le sage
Sri Ramana Maharshi a vécu en ermite durant de nombreuses années pour méditer sur la question existentielle « Qui suis-je ?». C'est un lieu sacré auquel nous accédons en traversant l'ashram qui porte le même nom.
Nous devons nous déchausser à l'entrée. Certains caravaniers entrent dans le temple de l'ashram. Des moines sont installés autour de l’autel et chantent en différents chœurs. De nombreux colliers de fleurs diverses, notamment de jasmin, ornent les différentes divinités comme Ganesh, le dieu éléphant, Shiva, la déesse de la danse. Une odeur empreinte d’encens parfume l’air. Des gens sont assis, Indiens, Occidentaux, et méditent ou prient. L’énergie est forte et nous impose le respect et le silence. Puis par groupe ou seul, nous commençons l’ascension du chemin sacré qui nous mène à la grotte de Sri Ramana Maharshi. C’est un lieu de pèlerinage et de nombreuses personnes viennent ici pour se recueillir. Le soleil est fort, nous devons boire au moins trois litres d’eau par jour. En montant ce chemin pavé de pierres, nous découvrons petit à petit la ville et son temple gigantesque d'en haut. Superbe vue d’ensemble de cette ville de plus d'un million d’habitants. Des singes arrivent, ils ne sont pas farouches, il faut même les repousser car ils viennent fouiller dans les sacs pour trouver de la nourriture ou toute autre chose à leur goût !
La grotte est là proche, petite et seules quatre personnes peuvent se recueillir en son sein. Chacun de nous peut méditer à ses abords et s'il le souhaite, attendre son tour pour y pénétrer. Le contact de la roche est puissant, elle semble pleine de ces années de méditation… Moment intense qui nous laisse silencieux...
Un peu plus loin, Samia attire un singe amoureux (peut-être un oublié de la Caravane Amoureuse !) qui lui saute sur le dos et descend sur sa jambe ! Petite frayeur mais Camille et Jenna assurent le service de sécurité et notre singe s’en va rejoindre ses congénères ! En fait, il nous est dit de ne pas nous inquiéter à leur sujet, les singes n'ont jamais mordu à ce jour et si l'un d'entre eux venait à le faire, il serait immédiatement banni du groupe par ses pairs.
C'est la redescente vers la ville ; certains Caravaniers s'arrêtent le long du chemin auprès de sculpteurs pour admirer leur travail ou choisir des statues de divinités indiennes en pierre taillée. Les achats sont bénis avant d'être emportés.
Le déjeuner sera pris dans un restaurant de la ville. Buffet...
Direction Gingee Fort où un concert est prévu devant le temple Venkataramana. Un très vieux temple du XVe siècle qui se dresse au pied des montagnes... Malheureusement nous n'avons pas l'autorisation d'y donner notre concert.
Cinq heures de route pour visiter ce lieu... la déception de n'avoir pu entendre quelques notes résonner au milieu de ces cent colonnes de granit chargées d'histoire, n'arrête pas nos cœurs vaillants.
Retour à l'ashram pour dîner et retrouver nos lits douillets pour une nuit où la chaleur est encore bien présente...
Le matin, on va dans une école faire un concert. Des musiciens jouent avec Marc.
3 heures après, le concert est fini et nous mangeons.
Nous partons voir un temple (à 2 heures de route) à Gingee. Au temple, Il y a beaucoup de singes. Beaucoup de Caravaniers ont failli se faire voler. Nous n'avons pas l'autorisation de jouer dans le temple, alors nous rentrons.
Nous avons tous très chaud la nuit. Finalement, nous arrivons à nous endormir.
Camille, Jenna, Paul
« Nous sommes à Thiruvanamalaï, la ville de Ramana Maharshi, ce grand sage que ce vaste pays vénère toujours comme un exemple d'homme révélé à sa pleine Nature.
Françoise nous quitte demain, nous dînons à l'ashram, elle, si joyeuse et sensible, ce soir je la sens un peu désemparée.
Je lui parle de Ramana, elle me demande de l'accompagner à la grotte où il vécut 17 ans, avant de s'en aller.
Il est 10 heures, nous partons du temple, la rue étroite et tranquille monte en serpentant au milieu de maisons colorées.
Un peu excités, nous discutons joyeusement. C’est maintenant un petit chemin escarpé, il fait chaud, le souffle se fait court. Nous croisons deux sadhu, des adorateurs du dieu Shiva, rieurs et enjoués, un peu plus loin quelques singes au milieu d’une décharge de plastiques.
Après 40 minutes de montée raide, nous atteignons la grotte, la ville poussiéreuse s’étend au bas.
Un petit jardin ombragé nous accueille, nous entrons dans une avant pièce où sont accrochées quatre grandes photos de Ramana à différents âges.
Je suis saisi par le regard profond de cet homme. Pourtant très simplement vêtu, une élégance naturelle se dégage de sa personne. Ses yeux semblent vides, mais ils me transpercent, et plus je les regarde, plus il me semble me regarder moi-même.
Nous pénétrons dans la grotte, plusieurs personnes méditent en silence, juste quelques bougies, une bonne odeur d’encens.
Après nous être recueillis un moment, nous redescendons en silence, joyeux et méditatifs de ce moment hors du temps passé ensemble.
La nuit suivante, je me réveille, dans le noir, son regard est là au fond de mes yeux... »
Gilles