Patrick a rejoint la Caravane amoureuse pour notre dernier jour avec le piano...
Hurry Up !
Le zébu nous attend !
A 7 heures le piano est chargé sur un chariot tiré par deux zébus. 400 kgs, la plateforme résiste. Le cocher impassible veille sur ses bêtes. Une fois attelées, elles se mettent en route placidement. Marc s’installe au piano. La déambulation s’ébranle. Elle longe le parc si célèbre de Mamallapuram.
Les curieux ralentissent, sourire aux lèvres : musique, clowns, danse, étreintes. Un contrôle des bisous s’improvise.
Une première moto en réchappe. La suivante s’y soumet. Sur la troisième, grimpe un clown.
Les familles matinales s’approchent. A l’heure du chaï les hommes n’en perdent pas une miette.
La déambulation prend de l’ampleur et à la fresque sculptée « La descente du Ganges », les siècles, les mondes, les notes et les cœurs se mêlent. Il y a quelque chose de frais, léger et joyeux dans l’air, comme un bel air de fête ; « it’s a nice day » dit un indien.
Notre bouquet du matin offert, nous sautons dans les bus pour rejoindre Chennaï. Nous sommes en contact avec Desire India, une association qui s’occupe de la scolarisation des enfants des bidonvilles, des « slum ». Celle-ci a proposé que nous allions dans un slum de Chennaï où ils souhaitent ouvrir une école. Nous les y retrouvons, ils ont fait venir en bus les enfants d’une autre école dont ils s’occupent.
A l’entrée du slum, trois percussionnistes nous entrainent vers un chapiteau, une estrade y a été dressée et une cinquantaine de bambins nous attendent sagement. De part et d’autre, une multitude de têtes émergent des bâtiments de trois étages, ceux-ci gris et tristes évoquent la désolation.
Notre déambulation sur quelques centaines de mètres attire les habitants. Les enfants bondissent, les percus sonnent, un bébé souvent accroché à leur hanche, les femmes s’approchent. Les jeunes se jettent dans des danses qui s’emballent, intenses.
Puis les discours rassemblent et apaisent les énergies et les enfants sont toujours, comme des images, mignonnement assis sur leur chaise.
Des étoles de bienvenue sont offertes à chacun des Caravaniers et reçus avec une grande émotion ; c’est ce quartier si pauvre qui nous offre un cadeau !
Le spectacle commence par une chanson d’une dizaine d’enfants sur scène reprise par toute la classe.
Puis Camille joue l’ouverture musicale suivie par Olivia et Marc. Le piano vibre et les cœurs sont au diapason.
Les danses reprennent. A ce moment, partout s’improvisent des rencontres, duos de danse, photos, câlins-tendresse avec les enfants, saluts sans fin des enfants, sourires entre femmes, échanges ados-adultes, invitations dans les maisons. Et ce sont encore les indiens qui offrent, de l’eau, du chaï, des chapatis. Merci.
C’est étrange comme le temps a été suspendu, comme le présent a été dense pendant ces quelques heures jusqu’au moment du départ. Celui-ci est marqué par l’arrivée du transitaire. Il emporte le piano, nous laissant un peu orphelin.
Avec de beaux adieux au son des percussions, nous quittons le slum.
Les petits « angels » de l’école de Desire India sont partis. Nous les retrouvons pour déjeuner. Sur une feuille de bananier, nous prenons avec, et comme eux, un repas varié, abondant et épicé.
Nous les quittons, l’âme comblée.
« Pour ces notes cristallines s'élançant dans une pénombre naissante. Merci
Pour cet engagement au service de l'amour et le faire fleurir sur cette terre. Merci
Pour ce pari de faire cohabiter tant de Caravaniers et d'y arriver. Merci
Pour ces frottements de barbes viriles n'attendant que le barbier. Merci
Pour ces peaux douces, soyeuses et délicates sentant le jasmin. Merci
Pour ces mains complices et tendres passées délicatement dans le dos. Merci
Pour ces capitaines ayant souvent dû changer de cap mais nous amenant toujours à bon port. Merci
Pour ces êtres de l'ombre s'occupant des finances ou de l'eau, ou soignant nos nombreux bobos. Merci
Pour nos « chameliers » sachant conduire la Caravane parmi les dunes humaines et bruyantes. Merci
Pour nos doigts de fées qui ont tapé tous les jours un merveilleux et poétique journal de bord. Merci
Pour la participation de l'ensemble des Caravaniers à la bonne marche de notre étonnante aventure. Merci ».
Joseph