Le retour d'Anne et Sophie à la Caravane amoureuse.
La nouveauté du jour : dorénavant, vous pouvez cliquer sur chaque photo pour l'agrandir... Merci Antoine...
Un concert est prévu ce soir dans l'auditorium à ciel ouvert, mais en attendant, ce samedi est jour de repos.
Chacun fait ce qu'il lui plaît. Tout le monde a besoin d'une pause !
De bon matin, il fait déjà très chaud, aujourd'hui, c'est vraiment la journée de relâche pour les Caravaniers : repos, lessive, visites... Tout le monde s'éparpille tout en essayant de trouver son équilibre personnel, en prenant en compte sa vulnérabilité car la fatigue commence à se faire sérieusement sentir, d'autant plus que la Caravane a vu partir en quelques jours une dizaine de ses petits soldats de l'amour...
Certains partent se promener à droite de l'Institut Nandala où nous sommes hébergés et découvrent un quartier tranquille de petites maisons individuelles entourées de jardinets. Un concert d'aboiements ponctue leur passage.
D'autres partent vers la droite, « au feeling » et reviendront avec une boisson fraîche, ou en ayant bu un chaï sur le trottoir. Ceux qui restent au Centre « Nandala » se verront servir un petit déjeuner indien : café au lait, galette, sauce curry, un peu trop relevée pour nos palais sensibles.
Quelques Caravaniers partent au marché de Trivandrum en rickshaw. Il leur faudra ½ heure de trajet pour rejoindre un centre ville pollué, bruyant et fourmillant de monde. Ils en reviendront chargés d'emplettes mais épuisés. Beaucoup de vêtements très colorés.
D'autres encore prennent l'option de la visite du temple et du palais des maharadjas. Nous apprenons que le dernier maharadja a 80 ans et vient tous les jours entre 8H et 9H au temple.
Nous arrivons à quatre pour visiter le temple mais les contrôles sont drastiques et malgré le bon anglais persuasif de Roselyne et notre attirance pour les indiens, impossible de persuader tous ces sérieux gardiens en uniforme de nous laisser entrer.
Mais heureusement la visite du palais satisfera ensuite nos sens et notre curiosité : un endroit calme, de beaux bâtiments au milieu d'un splendide jardin, une heure de visite avec un guide loquace déambulant de pièce en pièce, entre autres deux pièces remarquables de toute beauté, la bibliothèque, avec son plafond en bois de rose sculpté, et la pièce de l'enseignement avec sa petite alcôve de méditation tout en bois.
Toute l'architecture est pensée pour pallier la chaleur et assurer des systèmes de ventilation naturelle.
Dans chaque pièce, des objets magnifiques retracent l'histoire des maharadjas ainsi que leurs rencontres avec d'autres illustres gouvernants du monde entier.
Les derniers Caravaniers sont restés sur place et visitent le Centre Nandala. Ils découvrent une grande bibliothèque. Pour avoir le droit de consulter les livres, il faut une autorisation nous explique Asha, la responsable du lieu. Nous revenons munis de notre laisser-passer et feuilletons des livres de photos sur le Kerala. Sur l'étagère centrale, 100 volumes de recueil des mots de Gandhi, réunissent ses lettres, discours, télégrammes, déclarations...
Asha, prévenante, allume un énorme ventilateur et le « braque » sur nous pour nous éviter de nous liquéfier. Dans la pénombre de la bibliothèque, le ronronnement du ventilateur et la relative fraîcheur aidant, nous sentons le sommeil nous gagner.
Nous installons tables et chaises sur la terrasse pour le déjeuner. Difficile de savoir combien nous serons exactement. En ce moment, nous sommes 49 caravaniers. Il y a eu des départs, mais aussi des arrivées pour quelques jours : Laële, Sophie et Anne nous ont rejoints. « Georges 2 » déjeune avec nous.
Depuis quelques jours nous apercevions de plus en plus de camions plateau décorés de fresques. Celui qui est arrivé aujourd'hui est une merveille de détails colorés. Il est illustré, au fronton de la cabine, du nom de la femme de son chauffeur et, à l'arrière, de deux grands perroquets dans les tons bleus. Jaune, rose, bleu ciel, vert émeraude, toutes les couleurs de l'Inde y sont réunies. Marc souhaite faire des photos avec ce décor d'exception.
Nous unissons nos forces pour installer le piano sur la plate-forme arrière du camion. C'est un exercice périlleux, le piano pèse près de 400 Kg ! Nous ne sommes pas tout à fait en nombre suffisant. C'est à ce moment-là que Marc se blesse au poignet. Il joue malgré tout, seul sur le camion, puis entouré de grappes de Caravaniers.
Pour ceux qui le regardent d'en bas, on dirait que le piano est suspendu dans les lianes des banians ; c'est surréaliste...
Rapidement Marc s'aperçoit que sa blessure est sérieuse et il doit arrêter de jouer pour se faire soigner. Pourra t'il jouer ce soir ? Décidément, serait-ce la pause qui s'impose ?
17H30 quelques Caravaniers sont déjà autour du piano, veillant à répéter les prestations pour l'animation prévue à 18H30.
Le piano est installé au centre de l'amphithéatre en plein air, sur le lieu même où nous sommes hébergés.
Juste avant le concert, Monique, la fidèle des caravanes et notre « Amma chérie à nous » , apprend coup sur coup deux décès brutaux de proches. Chacun essaie à sa manière d'entrer en compassion avec elle et de lui offrir tendresse et réconfort.
Ce soir, contrairement à l'habitude, peu de personnes sont venues.
Oui, ce soir décidément, tout nous invite au dépouillement, à l'humilité et à la sobriété.
Le concert commence avec un morceau de jazz de Dominique, accompagné musicalement de Manon et Joaquim.
Olivia prend la suite, avec toujours autant de poésie et de profondeur, accompagnée de la danse de Claire offerte comme une prière et un hymne à la vie.
Puis vient le tour de Marc, avec en fond de scène son film « Clavier-joie ».
Il est sensé l'accompagner au piano mais sa douleur au poignet est si vive que, pour la première fois, il ne peut jouer sur scène.
Heureusement, la sonorisation est très bonne et le film avec l'ombre du piano suffit à capter l'auditoire.
Marc, touchant sa vulnérabilité, prend longuement la parole pour adresser son appel à l'Amour qui semble se répandre, par le silence de la nuit, aux extrémités de la terre et du ciel.
Olivia reprend délicatement place au piano, invitant Muriel à exprimer sa danse gracieuse.
Enfin, la soirée se clôture avec Dominique au piano, Joaquim au tuba, jouant de manière clownesque avec Marc, ingénieur du son, et permettant aux Caravaniers, joueurs de bolas, clowns et danseurs d'entraîner quelques spectateurs à devenir acteurs de joie contagieuse.
Oui, nous avons assisté ce soir au mystère du lâcher prise, abandonnant au souffle le soin d'emporter avec lui toutes nos richesses et nos faiblesses... Éloge de la fausse note...
Aujourd'hui, journée libre jusqu'au concert, le soir. Beaucoup font grasse matinée et d'autres paressent. On s'occupe ou faisons des ballades. Moi, je lis.
Le soir, il y a un concert (assez long) ou Dominique joue au piano, Manon chante, les clowns s'agitent...
Malheureusement après un restaurant, il faut aller se coucher.
Paul
« Merci
Il ne reste plus que 15 jours... ; beaucoup de Caravaniers nous ont quitté pour rejoindre leur vie en France... Travail oblige... Nous étions 74 au départ, nous ne sommes plus que 45 personnes... D'autres nous ont rejoint, des gens désireux de nous accompagner dans cette formidable aventure... ; néanmoins, les Caravaniers qui restent sont fatigués, la chaleur est là dans le Sud. Chaque jour nous frôlons les 40°... Les nuits, ça descend un peu mais 30° c'est chaud encore... Les moustiques, les ronfleurs, les bruits nocturnes de la rue, klaxons intempestifs et incessants... L'inde nous habite maintenant. Nous sommes au Sud du Kerala... Quelle belle région... La gentillesse des gens est toujours là, elle nous accompagne en permanence... Hier soir s'est donné un concert pour l'Alliance Française. Pour la première fois de ma vie, je suis resté à m'écouter sans jouer sur la scène... Quelques heures avant, en manipulant le piano, avec les Caravaniers, celui-ci a failli tomber et mon poignet n"a pas apprécié... Quelque chose a lâché au niveau de l'articulation... Quoi ? Je ne sais pas...
Peu importe... Deux journées de repos arrivent maintenant, nous allons profiter de la plage à Varkala, lieu parait-il magique... Le prochain concert est dans trois jours, j'espère que tout sera réparé...
Hier soir dans la nuit, rapatriement sanitaire pour un Caravanier... ; rien de grave, juste de l'épuisement, mais qui nous montre qu'il nous faut aller plus doucement maintenant... En tout cas, sans l'idée de faire une quelconque pub, Europ Assistance, c'est vraiment génial...
Nous sommes tous conscients que ces 15 prochaines journées vont nous demander à tous un dépassement. Certes, nous ne franchissons pas l'Anapurna, mais tout de même, nous savons tous que les tempêtes humaines sont parfois plus terribles que tout... Hier, il y avait une certaine démobilisation générale et l'accident en est l'expression... Aucun reproche, loin de là, je suis conscient de cette fatigue consécutive à l'engagement magnifique de chacun...
Il nous reste maintenant à nous recentrer, à nous remobiliser, à retrouver la fraicheur du début... Espérons que ces deux jours de plage nous redonneront l'énergie... ».
Marc VELLA