Prêts à 4h du mat, nous partons vers Auroville pour le feu de joie de l'anniversaire de l'inauguration du lieu en février 1968. Il fait nuit et des centaines de personnes convergent vers le Matrimandir. Mille bougies étincellent sur le site. Et c’est tout simplement magique quand le feu central s’embrase. C’est un moment de concentration, de plénitude, de partage humain vers une conscience accrue de ce que nous sommes... et allons devenir. Le feu continue à crépiter, à cracher ses pépites d’or comme des milliers d’âmes humaines en mouvement. La voix de la Mère et les paroles de sa philosophie résonnent profondément, touchantes de vérité. Le jour est définitivement là et découvre tous les visages.
Le feu continue à brûler...
Soudain le roi soleil apparaît, petite boule orange qui fait écho au Matrimandir.
Il est temps de repartir direction Saram, le village où l’école soutenue par INDP (Intercultural Network for Development and Peace) dirigée par Augustin Brutus nous accueille. www.indp.org.in.
Tous les enfants nous attendent dans une haie d’honneur en applaudissant, c’est émouvant de beauté. Nous entrons dans l’école et nous nous installons dans la cour où le piano a été posé. Augustin est un homme formidable de par son action, reconnue par l’Unesco, auprès des enfants, des femmes, des intouchables, des tribaux; il a aussi créé une banque de micro-crédit.
Les enfants sont assis en tailleur, magnifiques dans leurs uniformes; les petites filles avec leurs jolies nattes fleuries nous offrent leurs sourires. Certains sont très pauvres et marchent des km pour venir à cette école.
Augustin présente l'école et la Caravane Amoureuse. Il nous traduit dans un merveilleux français ce que quelques enfants pensent de la musique. « Beauté » pour l'un, « Harmonie » pour l'autre, « La musique accompagne la naissance et la mort » pour un dernier. Leurs mots sont émouvants et Marc, après avoir joué quelques morceaux les invitent au piano. Il sont timides mais ravis d’avoir joué d'un instrument que beaucoup ne connaissent pas. Les clowns de la Caravane surgissent, des ballons volent et les enfants se lèvent pour une farandole folle et gaie. La matinée se termine avec des enfants nous lisant la lettre qu’ils ont écrites pour nous parler d’eux. Quand Augustin leur demande ce qu'ils veulent devenir, ils répondent souvent médecin, professeur ou policier...sans doute une sorte de revanche sur les viscissitudes de vie déjà vécues par leur famille, nous dit-il...
Pour clore, Jenna donne un dessin fait par une élève de sa classe en France à une écolière et Camille, fille de Marc, joue un morceau au piano. En se disant au revoir, ils nous donnent leurs ballons pour écrire nos noms; des accolades, des bisous sont échangés. Il est difficile de partir mais un autre village nous attend l'après-midi. Déjeuner indien dans un restaurant sur la route et nous nous retrouvons à Sanjeevi Nagar, le village où est né Balu qui a créé le centre Mohanam pour les enfants du village afin de canaliser et développer leur énergie à travers l’art www.mohanam.org. Balu a grandi dans ce village et a été inspiré par son grand père qui à participé à la construction d'Auroville. Il veut préserver les traditions et aussi être dans la modernité. Le centre culturel est le plus ancien bâtiment du coin.
Nous avons découvert le village : la fabrique de sculptures en granit, les gens lavant leur linge dans la rue, une femme trayant sa vache dotée de cornes colorées, des enfants jouant avec leurs petits chiots, une autre femme tressant des colliers de fleurs...
Puis avec le jour tombant dans une lumière superbe nous convergeons vers la place du village. Des hommes jouent des percussions et le piano trépigne d'impatience ! Marc arrive et la musique s’envole. Il invite des enfants et un adulte pour un concert d'émergence.
Une femme se met à danser devant le piano, puis les Caravaniers invitent les enfants à danser. La fête au village bat son plein et de mémoire de Balu, jamais aucune femme n’avait dansé publiquement sur cette place. L’énergie brille comme les étoiles du ciel.
Nous sommes invités au centre culturel pour un spectacle et un délicieux dîner nous est servi sur des feuilles de bananier. Les petites filles habillées traditionnellement exécutent avec grâce, finesse et dextérité des danses indiennes, puis les adolescents apportent leur énergie virile dans des percussions corporelles et une danse rythmée style Bollywood. Nous sommes conquis et remercions Balu de son formidable engagement auprès des enfants et des jeunes du village.
Il est tard et nous repartons vers Sadhana Forest afin de prendre une bonne douche au baquet, et s’étaler comme des crêpes sur nos matelas….
Nous souhaitons rendre hommage aux personnes telles que :
Nous partons à l'école d'Augustin Brutus. Quand nous arrivons les enfants font une haie d'honneur, il fait très chaud, au bout d'une heure, le concert commence.
Marc a invité des petits enfants indiens jouer avec lui sur le clavier du piano.
L'après-midi nous nous rendons à Mogalam (Centre culturel Indien) dans Sanjivinagar. Pour ensuite manger sur des feuilles de bananier en guise d’assiette après un concert sur la place du village.
Il y a une petite boutique où nous achetons des petits bonshommes en bambou, des bougies et des petites clochettes fabriquées par les petits enfants indiens.
Après nous allons visiter (pour ceux qui veulent) une fabrique artisanale de sculptures de marbre. Nous rentrons tard dans la nuit...
Camille, Jenna, Paul
« 17h, le village de Tindivanam s'est préparé pour nous recevoir.
Dès les premiers instants nous sommes comme aimantés par l'accueil et le sourire de Balu qui en dit long sur sa grande humanité.
Après nous avoir fait découvrir une activité artisanale de son village, la fabrication d'objets en pierre, Balu nous conduit à pied jusqu'au petit centre culturel qu'il a créé.
Dans ce lieu d'une grande présence tout sonne juste, tout respire la paix et l'harmonie.
19H Nous revenons sur la petite esplanade du temple pour le concert de Marc.
La magie opère autour du piano où de plus en plus de gens s'agglutinent.
Bientôt, comme une traînée de poudre, c'est la contagion de l'amour et de la joie qui embrase le village.
Toutes générations confondues, hommes et femmes, petits et grands,tous se laissent gagner par la musique et la danse..ici, une ronde endiablée...là une vieille femme habillé d'un sari jaune d'or, est assise à côté du piano et vibre de tout son être à la vibration de la musique.
Soudain, n'y tenant plus, elle se lève et lâchant entièrement les conventions, retrouvant son coeur d'enfant, elle se met à danser dans des éclats de rire, ivre de joie, libérée du poids social. Car nous apprenons plus tard que jamais, dans ce village, ils n'avaient vu des femmes s'autoriser à danser à l'extérieur.
Le concert fini, sous le regard bienveillant et attentif des habitants nous saluant sur le pas de leur porte, nous arpentons les rues pour rejoindre le centre culturel qui n'est autre que la maison de Balu où il nous a invité très généreusement les 70 Caravaniers à un repas et à une représentation des activités artistiques du centre.
Dans un silence sacré, nous savourons les magnifiques danses traditionnelles d'une grande noblesse et nous nous régalons des percussions des jeunes garçons.
Le repas fut tout aussi beau et bon, servi à même le sol sur des feuilles de bananiers par des jeunes du centre attentifs et rayonnants.
Loin des paillettes de l'attraction pour touristes, nous sommes émus de recevoir tous ces cadeaux authentiques.
Oui ces jeunes sont vraiment des artistes de talent et nous livrent leur si belle présence.
Oui vraiment Balu, dans son obéissance à l'intuition du coeur, a fait de ces jeunes des petits princes et de ce lieu un hymne à la beauté et à la dignité de l'Homme.
Nous quittons ce lieu, inondés d'amour, profondément nourris et éblouis qu'on nous ait fait découvrir une perle précieuse cachée dans son écrin ».
Claire
Amour et caravane
« Ah oui, peut-on encore à l’heure où le cycle des violences nous renferme sur nos moi égoïstes et nos privilèges du moment, pour ne citer qu’un exemple de dysfonctionnement où l'eau liquide intarissable est devenue une marchandise réservée à ceux qui peuvent payer.
Pourtant l’Amour au sens noble du terme pourrait être le moteur de la vie et nous pousser dans les bras des uns et des autres, nous pousser dans le giron de la Nature.
C'est pour ces raisons que INDP a accepté, avec toutes les mises en garde et les limites d’un exercice risqué, à recevoir la Caravane sur trois sites, sur trois thèmes, avec trois catégories de populations (jeunes, dalit, femmes) qui tissent au quotidien, malgré leur marginalisation et leurs souffrances, des pans d’histoire faits de projets concrets, loin des feux de la rampe.
Car pour ces citoyens, l’Amour est synonyme de dignité, de liberté, de droits, d’autonomie, de satisfaction également des besoins élémentaires.
Nous vous invitons à écouter leur musique avec des oreilles nouvelles, avec le cœur, et à vous imprégner de ces nouveaux rythmes parfois déroutants mais vrais.
A votre tour de vous risquer à remettre en question certains de vos clichés, partis pris, car il faut changer son regard pour que viennent les évolutions de mentalités, de comportements, de pensées, de systèmes politiques.
Les touches noires et blanches du piano que vous transportez sont différentes, alignées les unes à côté des autres, sur le même plan, accordées, toutes couvertes d’éclat, prêtes à l’unisson pour émettre des airs enchanteurs.
Pouvons nous juste quelques instants concevoir un autre alignement des touches de piano ? Une autre inspiration ? Un autre instrument ? D’autres rythmes ?
Sans musique la vie serait une erreur disait Nietzche.
Hasardons nous à esquiver des pas ensemble, des pas que nous emporterons tous vers des contrées de justice, de plaisir et de bonheur ».
Pour INDP, Augustin Brutus Jaykumar
ONG basée à Pondichery, INDP mène de nombreux projets de développement dans l’Etat du Tamil Nadu ainsi que dans celui de Pondichery.
Pour INDP il ne peut y avoir de développement que si celui ci est holistique et prend en compte tous les aspects nécessaires à savoir, le politique, l’économique, le social, le culturel, et le spirituel à une existence digne de ce nom.
« La fête du village bat son plein après les jeunes indiens et leur musique de bâtons, la musique de Marc a envahi l'espace. Puis pour nous deux, petit aparté à la Caravane Amoureuse sur l'invitation d'un indien à le suivre pour assister à une cérémonie quelques centaines de mètres plus loin.
Cérémonie de quoi ? Nous n'avons pas très bien compris. Un décès, un mariage ? Une tente dressée pour l'occasion, un tapis, un autel et des indiens bien habillés. Les sourires nous accueillent et on nous invite à prendre des photos de la cérémonie.
Des offrandes sont préparées avec soin dans des plateaux argentés ainsi que des petits cadeaux : encens, sari.
Nous sommes maintenant assis parmi les invités avec notre interlocuteur et nous en profitons pour lui poser quelques questions. Nous comprenons juste avant l'arrivée d'une jeune fille dans un magnifique sari, coiffée comme une reine qu'il ne s'agit non pas d'un mariage mais d'un rituel de passage à la vie de femme ! Nous jetons le riz béni à la jeune fille en lui faisant de multiples souhaits et bénédictions ; sous un nuage d'encens qui la purifie.
C'est ainsi que les 1ères règles sont fêtées lors d'un rituel en Inde.
Ca me rappelle ma propre expérience de fille européenne où j'étais à la fois contente parce que j'avais l'impression de passer dans le monde des grandes et gênée parce qu'il y a un côté caché, tabou ; on ne parle pas facilement de ces choses-là en France ».
Jean-Pierre & Estelle