Vincent rejoint la Caravane Amoureuse.
Chers lecteurs, vous avez pu remarquer depuis quelques jours que nos colonnes se sont enrichies des lignes d'un nouvel éditorialiste, Marc VELLA, qui complètent finement les articles du comité de rédaction du journal de bord. Welcome !!!
Matinée libre. La Caravane amoureuse se retrouve pour une réunion de coordination avec tout le groupe à 15 heures 30 dans l'un des deux hôtels avant de se rendre à l’Épiphany Center.
« L'enthousiasme est une force spirituelle qui jaillit dans la joie et s'en nourrit. Pour agir dans l'enthousiasme, il faut agir pour rien, ni pour soi ni pour quelque chose, ni contre une cause, ni contre quelqu'un, ni même pour quelqu'un d'autre, mais pour rien... Là est la joie. Ce qui est libre est éternel. Là se trouve la joie ». Paresh Babu
La soirée se déroule dans un bel espace où quelques centaines de chaises orange ont été installées. Des enfants ont pris place les premiers. Nous leur proposons des papiers et crayons et un atelier dessin s'improvise. Des discussions avec les mères démarrent deux à deux, cœur à cœur, souvent sans paroles faute de partager la même langue, mais l'essentiel est là, le plaisir de la rencontre.
Le piano a pris place sur la scène.
En fond de scène une estrade à trois niveaux a été dressée.
La soirée s'ouvre avec une offrande de chatoyants tissus à différents participants.
Marc est appelé à son tour sur la scène et enveloppé d'une étole.
La soirée débute avec un chant interprété par une chorale de vingt enfants habillés de blanc. La qualité de leur présence est remarquable ; aucun frémissement dans leur groupe quand une coupure électrique les prive de lumières et de micros.
Puis vient le carrousel des danses indiennes.
Deux jeunes filles interprètent des danses sacrées du Baratha nathiam, la danse classique indienne. Nous apprenons que tout part des pieds et que la première année d'enseignement est uniquement consacrée au mouvement des pieds. Une jeune fille nous dit qu'elle danse depuis l'âge de trois ans.
Les danses folkloriques sont interprétées avec une multitude de costumes de couleurs et d'accessoires qui sont de véritables œuvres de collection ; parures de plumes de paon, chevaux de bois richement vêtus, arches de couleur. Le plaisir des yeux est aussi en coulisse quand elles s'abandonnent un peu, sont complices, rient et se bousculent joyeusement.
Dans le public, beaucoup sont venus en famille, c'est dimanche de Pâques. Il y a quelques sœurs missionnaires, ce sont des franciscaines servantes de Marie dont la maison mère est à Blois. Elles parlent français. Elles nous expliquent qu'elles ont été en mission dans l'enseignement dans des pays africains francophones. Aujourd'hui à Salem, elles travaillent dans des écoles qu'elles qualifient de « riches ». Elles sont là aujourd'hui, mais demain elles sont prêtes à reprendre la route vers une nouvelle destination, disent-elles en souriant.
Ici aussi le Center doit avoir une certaine aisance au vu des moyens techniques de la soirée en son, lumière et grand écran. Ceux-ci permettent des gros plans sur les mains des pianistes ou les visages des danseurs. Le spectateur rentre ainsi un peu plus dans l'intimité des artistes.
Danses indiennes et piano alternent, il y a une belle écoute du public et une telle joie dans l'air qu'elle est presque palpable.
Les clowns sont lâchés, Ella et Joseph font une entrée « cul par dessus tête » pour franchir le muret qui les sépare du public. Ils ont pris le parti d'une intervention en toute liberté, au milieu des grands comme des enfants. Ce sont d'ailleurs les parents qui sont le plus désireux de communiquer avec eux, comme si les clowns parlaient à leur âme d'enfant.
La soirée se termine par l'hymne national et une farandole au son de la flûte.
Les mercis tombent en pluie de tous côtés.
Nous avons le sourire au cœur, un enthousiasme nourri de couleurs, de danses et de rires.
Depuis le début de notre aventure, je n’ai pas évoqué une seule fois la cuisine indienne… Tous les jours, et ce depuis plus d’un mois maintenant, nous mangeons indien… Restaurants en bord de route, dans hôtels, guest-house… Nos chauffeurs sont vraiment extraordinaires, particulièrement Ramesh, qui a toujours le don de nous trouver de petites gargotes absolument délicieuses… Si vous aimez les épices, le piment, alors l’Inde sera le paradis pour vous… Dès le petit déjeuner, dosa, fruits, idlie (galette à la farine de riz), jus de fruits d’ananas, de citron vert, de papaye, accompagnés de sauce piquante, de pommes de terre, oignons, tomates, et de thé indien ou de café indien… Le bonheur pur. Et le midi, et le soir, ça recommence, du riz, toujours du riz et des plats en sauce abondante, poulet ou poisson, toujours très piquants… Moi j’aime, j’adore, je raffole !
Le concert à Salem est magique. Nous sommes invités dans le cadre d’un Festival d’Echange International. La qualité des prestations indiennes est exceptionnelle.
Beaucoup de danses traditionnelles et de chants. Les costumes sont tellement beaux, colorés… Pas besoin de feux d’artifice pour donner au spectacle une dimension festive ! Chaque danseuse par son sari, son maquillage, sa sensualité est à elle seule un feu d’artifice. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres, éclatantes de lumière, de beauté, de raffinement. Un feu d’artifice humain incroyablement magique, se déploie devant mes yeux abasourdis, illuminant le ciel de mon âme et de mon cœur.
Et puis le prêtre responsable rend un hommage vibrant, et ce pendant presque une dizaine de minutes, à la Caravane amoureuse devant plus d’un millier de personnes. Je n’ai pas tout retenu, surtout que son discours était en anglais, mais ça, je l’ai capté et cela restera gravé toute ma vie dans mon cœur : « Donner sans rien en retour, voilà ce que fait ce groupe incroyable venant d’Europe. Si nous pouvions prendre un peu de ce message, alors l’Inde serait plus heureuse. » Encore une personne qui a complètement compris le sens profond de cette démarche.
Le soir après le concert, je rentre directement à ma chambre d’hôtel. Je m’endors très rapidement, avec le sentiment d’avoir été compris une fois de plus. La Caravane amoureuse, oui, c’est d’abord donner de soi à chaque instant, la tête vide, sans références, sans religion, sans croyances, au-delà des mots, être juste pur abandon dans l’émerveillement que procurent tous les instants, être en joie face à ce qui est et ce qui n’est pas.
Marc VELLA
Le matin, il y avait la messe de Pâques dans une église. Je n'y vais pas, car je fait grasse matinée.
La journée, on se repose. Quelques Caravaniers achètent des glaces ou des « swetts ».
Il fait très très chaud à Salem (45 ° de moyenne) et nous nous fatiguons très vite même si nous avons pris énormément de vitamines C.
Le soir, au concert, la sono est énorme. Je joue un peu des bolas.
Tous les indiens qui me croisent (depuis le début du voyage) me pincent puis mettent leur main sur leur bouche, alors je demande pourquoi :
Ils me répondent :
« Nous vérifions si ta peau est vraiment douce. La notre est dure et rugueuse. En même temps, ça nous porte chance ».
Le soir, nous sommes tous très contents de nous endormir.
Paul
« C’est un monsieur âgé, à l’aspect soigné, vêtu à l’européenne, qui s’arrête auprès de nous et, simplement, nous remercie d’être venu chez lui, depuis notre lointain pays, apporter un message de paix et d’amour.
Il quitte la soirée et tient beaucoup à nous manifester son plaisir et son espoir face à notre démarche de réconciliation entre les hommes par le biais de la musique, de la bienveillance et du regard amoureux.
Son attitude est sobre ; les mots sont chaleureux, dans un anglais châtié, et l’émotion juste.
Il nous serre la main à tous trois et disparaît dans la foule.
Ces manifestations de sympathie et d’encouragement sont nombreuses au cours des rencontres de la Caravane.
Les familles viennent à nous pour échanger, nous présenter leurs enfants, curieux de nous connaître personnellement.
Le lien qui se crée va perdurer malgré l’éloignement ; quelques photos nous aideront à le maintenir alerte, à l’épreuve du temps ; et les empreintes que nous laissons dans les cœurs, celles que nous emportons avec nous, donnent du sens à cette bataille pacifique.
Laisser des traces, semer les graines qui germeront dans les cœurs pour redonner à l’amour sa véritable place dans le rapport humain.
Du lien et du sens…
Je garderai longtemps en moi cette brève rencontre avec une si belle âme.
J’écris dans le bus qui nous emmène vers un village natif, ou tribal, dans le district de Salem.
Si la chaleur est éprouvante, l’aventure est exaltante ».
Jean-François
« Dans ma vie, je suis plutôt quelqu’un qui ose… Oser connaître le dénuement par exemple… Tout perdre… Un bel exercice de style qui permet de comprendre ce qu’est le lâcher-prise… En osant la Caravane amoureuse, je viens de tout gagner… Est-ce que la vie est un jeu ? Oui et j’aime jouer… Jouer à me perdre, jouer à me trouver… Et l’Inde avec la Caravane amoureuse est un magnifique terrain de jeu… Tout y est… pour se perdre et pour se trouver… Des rencontres, des sourires, des émotions, des levers de soleil, des couchers de lune, un ciel toujours bleu, une terre chaude pleine de couleurs, des montagnes, des océans, des enfants, des jeunes, des vieux, des blancs, des noirs… Il y a TOUT, rien ne m’a manqué… Même pas mes proches… OUI… J’ai compris en foulant ce sol, haut lieu de la spiritualité, que je ne manque jamais de rien… Tout est là tout le temps dans ma seule présence et que tout est juste et parfait… Mon cœur est rempli de ce TOUT et c’est lui qui joue la partition de la vie… Marc l’a compris depuis longtemps et il nous aide à tenir la partition… Un grand Merci Monsieur… Vous êtes un grand Monsieur… et surtout un magnifique joueur…
Alors continuons à jouer ensemble…
A toi Marc,
A vous Caravanières et Caravaniers, mes partenaires de jeu…
Nous avons tous gagné au grand jeu de la Vie ! ».
Colette
Soizic a retrouvé sa famille indienne et l'a invitée à partager quelques jours avec la Caravane. Dans ses yeux brillent l'amour et la fierté. Presque maternelle, elle nous présente ses filleules indiennes, toutes de douceur, Sathia et Sarania. Sur la photo ci-jointe, elles sont accompagnées de leur petit frère, Kavin et de leur maman, Maria. Elles habitent un petit village, Sendarapathi à quelques kilomètres de Salem. Sathia et Sarania sont en première année de faculté et étudient l'anglais. Elles ont 22 ans.
L'affection de Soizic pour cette famille devient la notre, c'est comme si nous étions la famille élargie, heureuse de se découvrir de lointains cousins.
Nous apprenons que cette famille vit très simplement, dans une maisonnette de trois mètres sur trois où les matelas sont déroulés chaque soir. Les jeunes filles ont pu poursuivre des études en grande partie parce que Soizic les a soutenues depuis leur plus tendre enfance soit plus d'une dizaine d’années... C'est admirable... Merci Soizic pour ta générosité et ton amour...