Le 22 mai - Hamam Sousse -


« Homme libre toujours tu chériras la mer »

Victor Hugo

La mer est bien présente en ce début de Caravane Amoureuse. Peut-être pour se charger d’embruns et d’iode avant de rejoindre le désert ? Mais plus encore par son immensité si apaisante… En mer, plus de barrière autre que de corail, plus de frontière visible autre que les crêtes de chaque vague.

Doux bercement semblable à celui d’une mère, la mer d’Hammam Sousse nous a portés ce matin, participant pleinement à la Caravane avec tout l’Amour, l’Emerveillement et la Liberté qu’elle offre à celui qui vient à sa rencontre…

Droit devantUne réunion matinale improvisée nous a permis d’avoir une présentation de l’auberge de jeunesse qui nous accueille, de réajuster le programme afin d’y inclure plus de rencontres avec des associations locales, et de rappeler aux tunisiens qui nous accompagnent qu’ils sont pleinement caravaniers et que les tâches de communication et d’organisation sont à partager entre tous. Après un temps offrant la parole aux caravaniers qui souhaitent un partage au groupe, cette excursion en pleine mer est appréciée, telle une invitation à consentir aux ondulations de la vie.

Et aujourd’hui, comme chaque jour, il y en aura… En particulier, pour la suite de la journée, lors d’un arrêt un peu trop court dans un foyer de personnes âgées. Nous n’avions qu’une demi-heure, avant un autre rendez-vous et beaucoup de frustrations de ne pouvoir rester plus. A notre arrivée dans cet établissement, une petite pointe de renoncement s’est présentée en moi et quelques autres caravaniers, me disant « quel est le sens de s’arrêter si peu de temps, de ‘bâcler’ l’échange ? » Mais vite heureusement, d’autres parmi nous  plus des pensées pour Marc avec le Chant des Libres, nous ont vite « écartés de ce marécage », nous remettant sur le chemin de l’émerveillement, de la grâce de l’instant. Un grand MERCI… car OUI, ce n’est pas la durée qui crée l’intensité de l’échange, mais la pleine présence dans l’instant, même s’il ne s’agit que de 30 secondes. Et c’est ce que nous avons vécu en ce début d’après-midi, auprès de personnes âgées qui ne reçoivent que peu de visites, qui avaient préparé le thé aux amandes et des petits biscuits pour nous accueillir et qui ont été touchés de cette attention et de cet amour partagés, accompagnés par l’« à vous dirai-je maman » de Daniel au violon et de la douceur du psaltérion et de la flûte amérindienne de Cathy.

La vie est belle

A la sortie du collègeIl est 9h ce matin lorsque je quitte l’auberge de jeunesse où nous avons passé la nuit. Au coin de la rue, je vois un jeune puis deux puis tout un groupe. Ils s’appellent Ahmed, Ghassen, Raoune, Nadim, Sarah, Montassar, Ashraf, Aziz. Ils sont en 7e B2 et 7e B12 au collège Sahloul de Hammam Sousse. "On n’a pas cours ce matin ! Vous êtes française ?" Ils aiment les sciences, l’histoire… plus tard, ils veulent être pédiatre, policier...  ils ont 12 ou 13 ans.

  • Qu’est-ce que ça signifie la paix pour vous ? L’amour ?
  • La paix ? c’est le partage !
  • L’amour, c’est être ensemble !
  • Nous sommes tous frères !

Il est 9h du matin. La vie est belle !

Cécile de Nevers

Echange à venir

Sur le mur, au fond, les portraits des résidentsA l’entrée du foyer de personnes âgées, un puzzle, un patchwork de visages, ce sont les visages des résidents de ce foyer. Des étudiants d’art plastique photographes ont réalisé ces portraits : des sourires, des regards graves, des visages tannés par le vent et le soleil, des rides rivières de la vie, des chevelures jouant du noir au blanc en passant pour toutes les nuances de gris, de l’argent, des poses et des surprises en somme les facettes de vies laborieuses, douloureuses parfois mais aussi joyeuses, timides, fières, sombres et profondes, des regards aux portes de l’infini.

J’ai salué cette initiative auprès du Directeur de cet Etablissement et lui ai confié que je ne manquerai pas de témoigner de cette idée dans les Maisons de Retraite que je visite et où je fais le conteur et le diseur. Une idée tunisienne qui vivra aussi en France. Quel bel échange !

Claude

Village d'enfants SOS d'Akouda

4e village SOS de Tunisie (ATVESOS), ouvert depuis février 2010.

Instant de tendresseNous sommes accueillis par le directeur de cette structure volontairement constituée comme un petit village d’une douzaine de maisons. Dans les villages d’enfants SOS, le directeur, qui peut être lui-même père de famille, est également missionné dans la fonction de père symbolique pour l’ensemble des enfants.

Tout paraît calme comme un lieu endormi. L’arrivée de la Caravane amoureuse réveille la ruche. Comme des abeilles, les enfants sortent des maisons, étonnés, intrigués, certains effarouchés. Puis, très vite, ils viennent vers nous. Leurs yeux pétillent, s’illuminent au contact des clowns et des bras qui s’offrent à leur besoin immense de tendresse. Nos amis caravaniers tunisiens ont un don particulier pour apprivoiser, mettre en confiance ces enfants. Ils nous entrainent dans leur dynamisme et la générosité de leur cœur. Autour du piano se forme des complicités, par des rondes, par le jeu, les bulles ou une partie de football. Beaucoup s’agglutinent autour du piano comme des abeilles autour d’un pot de miel. Cathy a du mal à canaliser leur appétence, leur soif de toucher, de capter, d’engranger le meilleur.

rires et câlinsLeurs mamans de cœur nous rejoignent à leur tour et nous parlent de leur engagement, engagement de toute une vie, don total d’amour pour ces enfants. Chacune est mère d’adoption de huit enfants, le plus possible dans le respect des fratries et de l’équilibre garçons-filles. Elles jouent entièrement leur rôle de mère, tant sur le plan affectif que matériel. Leur objectif : nourrir suffisamment d’amour ces enfants pour les enraciner sans cesse dans la confiance qu’ils sont avant tout des bébés d’amour, malgré leur grande blessure d’abandon.

Elles nous confient : « sans patience, sans un cœur renouvelé sans cesse dans l’amour, impossible d’entrer dans la joie de cette mission ». Cette joie se lisait sur leurs visages.

Pour des informations sur les villages SOS en Tunisie :

http://www.sos-childrensvillages.org/where-we-help/africa/tunisia


Jeudi 22 mai, la Caravane s'arrête au village d'enfants d'Akouda où nous rencontrons une équipe dévouée à des enfants pétillants de curiosité. Tous nous accueillent chaleureusement dans leur univers et la musique fait le reste.

Au centre du village, trône un conteneur de recyclage pour le plastique, coloré et décoré avec soin.   Ici, au même titre que les mathématiques, l'histoire ou la musique, le directeur du centre a à cœur d'apporter à chaque enfant une éducation à l'environnement et au vivre ensemble pour bâtir le monde de demain. Le conteneur en est un exemple concret, construit par les aînés, décoré par les   benjamins. Depuis lors, les gestes de protection de l'environnement se transmettent par l'exemple et les encouragements des éducateurs.

L'an dernier, la vente du plastique à une usine de retraitement à permis d'acheter du bois de construction destiné aux niches pour les animaux de compagnie qui entourent les enfants. L'an prochain, il sera question de construire un poulailler. Le village compte aussi un potager, des campagnes de ramassage des déchets à l'extérieur de l'enceinte du village,

Des villes au désert, il y a urgence à enrayer l'impact mortifère de l'homme sur son habitat naturel.

En des temps où la question environnementale n'est pas la première des priorités, compte tenue des nombreux chantiers en cours (institutions publiques, santé, économie, éducation...), et j'ai été touchée par la démarche de ces acteurs silencieux qui œuvrent quotidiennement à un monde meilleur.

Mélanie

Les enfants nous aident à ranger le piano

Impressions de Marguerite sur la journée à Hammam Sousse

Visite à la maison de retraite ; les personnes âgées nous remercient sans fin et avec beaucoup d’émotion.  Au  moment, où nous les avons quittées, un monsieur s’est mis à pleurer.

Grâce à Daniel, cet homme peut jouer au violonLes mains s'étreignent

Regard profond

De la visite à SOS village d’enfants : j’ai eu de lapeine à rentrer dans l’énergie de la rencontre que j’ai perçue « un peu surexcitée ».  Antoine : une petite l’a adopté et reste accrochée à lui pendant toute la période de notre présence, comme une étoile de mer sur son rocher. Ils échangent de longs et beaux regards : échanges d’une autre dimension.

Le soir à la fête : Les tunisiens sont heureux de nous accueillir et de la joie et de l’esprit de fête que la caravane permet. Les tunisiens se parlent  entre eux, à propos des valeurs que l’on porte. Je mets  en contact 3 personnes qui ne se connaissaient pas dont une jeune femme qui est dans l’association AFREECAM. L’association est en recherche d’un  local à Tunis. Un jeune de JCI entend sa demande,  la relation s’établit. Les tunisiens  échangent les adresses.

Plus loin, dans un groupe de jeunes, 5-6 personnes, une bousculade. Je propose de faire de la place à la douceur. Il y a des échanges autour de cette remarque. Un autre jeune vient poser la question pour en savoir plus sur la Caravane. Il pose les bonnes questions. Il est positif dans l’âme.  Il a un vrai  intérêt et une envie de faire quelque chose de positif. Il est en adéquation avec nos idées. Il n’ose pas encore s’engager. Je le mets le contact avec JCI. Les hommes de bonne volonté  se retrouvent.  

J’ai le sentiment  d’initier une  nouvelle communication, de nouveaux échanges.   

Marguerite

Concert à Hammam Sousse

Cathy présente la CaravaneC'est l'heure du concert à Hammam Sousse. Les caravaniers se déploient sur la place. Quelques gouttes de ciel nous accueillent et puis s'en vont. Le piano prend place et les notes se diffusent alentours. Des enfants accourent en nombre. Les parents, comme bien souvent, encadrent l'espace et restent en retrait de la fête. Parmi eux, deux petits princes m'interpellent de leurs yeux brillants. Ils doivent avoir 6-7 ans. Je m'approche et m'accroupie auprès d'eux en signe d'accueil. Message reçu : ils me prennent la main en direction du piano et nous jouons aux grandes oreilles pour mieux apprécier les notes. Des pépites de rêves semblent crépiter dans leurs yeux pleins d'étonnement.

La foule amorce bientôt une grande ronde. Nous nous mettons à tournoyer et rire de nos improvisations dansantes hasardeuses. Les habitants sont venus nombreux. Tous s'emmêlent et se démêlent au gré des courants, pourtant, chaque fois, les petits princes me retrouvent pour me prendre la main avec une fragile assurance. Nos sourires se répondent et la ronde continue.

Un temps de pause dans la danse. Le plus extraverti des deux tire sur mon bras. J'approche l'oreille :  "1 dinar ?". Mon cœur se serre. La magie de l'instant se dilue dans une réalité brutale bien que légitime. Je m'accroupis à nouveau : "J'ai plein de bisous à distribuer, pas d'argent".
Son regard se fait fuyant. Nous avons tous les deux un peu honte de la situation je crois. Heureusement, nos acolytes caravaniers tunisiens ne sont jamais très loin et je demande à ce que l'esprit de la Caravane soit expliqué aux deux garçons. Ils acquiescent de la tête et nous nous entraînons mutuellement dans la danse qui a repris. La soirée se prolongera dans la légèreté des jeux d'enfants, au son des musiques traditionnelles de la région. D'autres enfants me donneront la main et m'entraîneront dans la danse.

Comme chaque fois, au moment du départ, l'intensité et la longueur des étreintes s'accordent à la qualité de nos échanges. Ces instants laissent une empreinte toujours un peu plus nos cœurs des messages d'amour dont la Caravane se veut le révélateur. Ce soir là, j'ai dit au revoir aux petits princes avec l'espoir d'avoir semé autant de graines d'amour et de paix en leurs cœurs, que j'en ai récolté dans la spontanéité de leurs sourires.

Mélanie


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