Le 27 mai - Au milieu des dunes de sable -

L’expérience du silence

Deux journées au cœur du désert. Les caravaniers se partagent en deux groupes de 16 pour le stage animé par Cathy. Un premier groupe le premier jour, le second participera le lendemain, appréciant la journée de temps libre qui s’offre à lui aujourd’hui.

Temps de pause pour soi, propice à l’introspection dans cette étendue infinie, temps d’échanges créant des liens plus soutenus entre caravaniers, temps de découverte de la vie dans ce milieu hostile qui offre tant de richesses et la possibilité d’aller au fond des choses, de contacter les trésors de nos tréfonds. Méditation, marche, bain de sable, ateliers peinture et calligraphie, organisation pour protéger les tentes du vent, aide à la fabrication du pain des sables cuits sous les braises… s’improvisent.

L'atelier musical de CathyCathy organise le stage en une grande matinée et un temps plus court après le déjeuner. Temps de centrage pour commencer, puis d’écoute, de silence, d’improvisation. Au-delà des mots, de forts moments de résonnance et d’harmonie sont partagés. Douceur, bienveillance et non-jugement invitent au lâcher-prise.

Après cette expérience musicale, Nabil propose une ‘’petite’’ randonnée dans les dunes alentours, propriété de sa famille. Le soleil fait une apparition voilée dans le ciel nuageux… Petit clin d’œil avant de se coucher. Avant le retour au camp en chantant,  sautant, glissant dans les dunes qui se présentent comme de grandes vagues dans lesquelles nous jouons, nous faisons un grand feu avec les nombreux déchets que nous avons collecté sur notre chemin : bouteilles plastiques, conserves, couches, mouchoirs fleurissent jusqu’ici ! Il est si affligeant de constater que même dans ce décor somptueux, l’humain laisse de telles empreintes dommageables pour l’écosystème !

Parfois, nous découvrons qu’un pneu ou une bouteille plantée vers le ciel est un signe qui balise le chemin.

Préparation du pain de sableDe retour au camp, il fait nuit noire et la température est fraîche. Le repas est servi avant un temps de partage. Les conditions ici ne sont pas confortables pour tous, surtout ceux qui ont des difficultés de mouvement ; certains caravaniers ont mal dormi et n’arrivent pas à trouver le repos… La question du vent soutenu nous interroge aussi. Le sable fouette les visages et pénètre le moindre espace. La seule solution est de sortir visage couvert. D’étranges silhouettes se croisent, se reconnaissant à la voix. Et si le vent forcissait ? Après ce moment où chacun est invité exprimer librement son ressenti, le choix est de rester, d’accepter ces conditions qui se présentent à nous, comme la Caravane Amoureuse nous apprend à accepter chaque instant qui s’offre. La préoccupation principale est la santé de certains et le bien-être de tout le groupe ; une solution est envisageable : faire venir une jeep pour que ceux qui en ont besoin puissent rejoindre l’hôtel où Isabelle est partie travailler ; tout le monde est rassuré, la motivation est bien présente et les étoiles du désert commencent déjà à scintiller dans nos yeux.

Ce soir, des musiciens nous ont rejoint pour une grande fête autour du feu.

Une fois le groupe électrogène coupé, la nuit est paisible, ventée.

La seconde journée est tout aussi extraordinaire, dans cet autre espace-temps.  Le vent s’est calmé, soleil et chaleur bien présents, nous aurons eu la chance de vivre différentes facettes du désert en si peu de temps. Déjà demain nous repartons. Nombre d’entre nous émettent le vœu de revenir un jour, plus longuement… peut-être pour un futur stage avec Cathy et Marc ?

Le désert

Arrivée dans le désert tunisien proche de Nouail. Le vent est là pour nous accueillir. Un vent fort, proche de la tempête. Je ne m’attendais pas à cette « version » du désert. J’accueille et j’apprécie même. Tout fait sens. Le vent balaie, nettoie, souffle et se donne. Le désert m’est difficile à décrire. C’est une immense gratitude qui m’envahit, à la mesure de l’immensité de sable que je peux contempler. La sensation du pied qui touche ce sable chaud, fin et doux du Sahara, dans le silence, est unique et tellement délicieuse. Et puis ce stage de musique que j’anime. Première expérience de deux jours pleins avec les caravaniers, personnes de tous horizons, qui venaient initialement partager un stage de musique avec Marc et moi. Me voilà face à eux qui m’offrent leur confiance pour l’animer seule. Et nous voilà engagés dans deux jours magnifiques de découverte musicale, d’improvisation collective et d’écoute du silence. Tous sont présents, et nos amis tunisiens apportent une touche musicale et humaine tellement riche. Intériorisation, rapprochement de chacun, mais aussi beaucoup de rires, de lâcher prise et de spontanéité. A la fin du stage, lors d’un dernier exercice vocal, tous se transforment en clown et les rires se succèdent en cascade. Surprise : Nejmeddine nous apprend l’alphabet arabe en chantant ! Et puis aussi ce souvenir de cette improvisation et de cette image dans laquelle Nabil, notre ami guide dans le désert, a joué de ma flûte de bambou d’une manière si subtile, si douce, si envoûtante et si présente que tous les autres accompagnants musiciens ne pouvaient qu’être à l’écoute naturellement. Sa mélodie continuait à planer dans le silence.

L'intemporalité du désert

Offrande au désert. Merci Nabil. Merci à tous.

Cathy

Le grand bivouac

Deux jours au désert. Deux jours pour se reposer, se ressourcer, et s’émerveiller.

A deux heures de marche du lieu de bivouac, nous nous arrêtons, nous emportons l’essentiel et en route. Heureusement, il est déjà 18h, nous ne brûlerons pas sous le soleil ! Les amateurs de dromadaires nous tracent le chemin, le sable, le pli des dunes, quelques arbustes et bientôt le soleil s’enfonce dans l’océan sablonneux. Le ciel est peuplé de petits nuages effilochés, aurons-nous du vent demain ?

La nuit tombe et notre guide Nabil, un magnifique homme, grand et vigoureux, rassemble le monde, il ne s’agit pas de se perdre. Bientôt les lumières du camp émergent de la nuit. Nous sommes arrivés et accueillis par des musiciens, flûteau et tambourins, je suis trop fatigué pour aller danser et trop amoureux du silence pour me réjouir de cet accueil. Le repas est bientôt servi, bienvenu est-il. Mais le vent se lève et moi qui rêvait de dormir sous la voûte céleste. Je m’en passerai cette nuit.

Le soleil est déjà haut dans le ciel et le vent a forci, nous devons nous protéger car le sable est très fin, sous les doigts il semble presque aussi doux que du talc. La journée sera perturbée par ces intempéries imprévues mais nous en faisons notre affaire, acceptant les choses comme elles sont, malgré quelques inconvénients pour certains comme Annie avec son bras souffrant...

Un stage musical a été prévu, nous nous diviserons en deux, l’un pour aujourd’hui, l’autre demain. Cathy nous entraîne, douce et pédagogue. Tempo, rythme le groupe bat le tempo avec divers instruments. Une orchestration qui invite jusqu’à danser. Nabil a pu se libérer de ses responsabilités et nous rejoint. Il joue de la flûte, un ensemble musical mélodieux où chacun est attentif, que l’instrument soit discret ou plus incisif. On aurait pu jouer des heures !

Nabil a proposé une promenade jusqu’à une grande dune, nous partons dans un nuage de sable. Autour de cette dune les Romains ont construit, quelques ruines sont là : des brisures de poteries. Nabil de son œil perçant a découvert une bague peut-être, toute corrodée sans doute du bronze ou du cuivre. Aussi, une pointe de flèche en silex acérée. Une autre récolte a été faite : sacs plastiques, bouteilles, boites de conserve, un grand feu est réalisé pour brûler tout cela.

Le soleil s’est déjà couché, il est temps de rentrer. Nous naviguons du creux des dunes à leur sommet  comme un navire face au vent dans la houle de l’océan. D’ailleurs le vent semble s’apaiser,  aurons-nous une autre journée ?

En effet le vent est bien tombé pendant la nuit, ce matin tout s’est calmé. La journée sera plus paisible. Chacun vaque à ses occupations, promenade, méditation, échanges, massages ou soins. Monsieur Hamadi est toujours bien entouré, j’ai plaisir à constater que cet homme attire l’attention et la délicatesse. C’est un homme sage, cultivé qui a vécu en proximité de grands artistes, il en a recueilli toute la beauté. Je ne m’étendrai pas plus sur lui, je crois que Cécile en a écrit une belle relation. Il est bientôt 19h, l’heure du coucher du soleil, je ne suis pas triste mais je vais aller assister à l’embrasement du ciel.

Un soleil tout rouge : ‘le ciel est rouge, le ciel est rouge, il fera beau demain…’

Je chantais cela à 16 ans. Demain, nous quittons le désert, lever à 5 h pour reprendre les dromadaires et la marche à pied pour environ 2h30.

Le car arrive comme nous et nous prenons la route de Nouail où l’on nous attend.


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