Après la pluie de la nuit, la caravane se réveille sous les rayons du soleil. Cette douce chaleur est apaisante.
Marc et le chef du village, Mekonneli, échangent autour de la vie quotidienne des Dorzé :
Son grand-Père, mort à 102 ans, son père à 62 ans, ont avant lui géré le village dans le respect de la nature et des êtres. Ici la plante, l’arbre… sont utilisés sous toutes leurs formes, pas de déchet ou si peu, pas de gaspillage…
Mekonneli a la volonté de garder les traditions intactes pour préserver l’environnement.
La médecine traditionnelle, à base de plantes et de rituels ancestraux, reste très utilisée.
Encore une fois, nous sommes témoins du paradoxe de notre société occidentale qui a cru progresser en oubliant ses racines et qui aujourd’hui essaie de retrouver l’équilibre en redécouvrant ces valeurs.
Les caravaniers accompagnés des enfants heureux de leur donner la main suivent Mekonneli jusqu’au village pour découvrir l’habitat et le mode de vie des Dorzé réputés pour leurs tissages colorés. Nous assistons à la préparation de l’inset, galette fabriquée à base de feuille de faux bananier. Toute la plante est utilisée, la pulpe extraite par écrasement sur une pierre, les fibres qui serviront à faire des cordelettes….
Quelques notes de piano nous arrivent, Marc rejoint la place du village et découvre une femme qui pianote. Installé près d’elle, il l’accompagne puis l’entraine dans un son plus doux. Quel bel ensemble dans ce quatre mains. La femme sourit, elle est heureuse de ce moment partagé. Vient le temps des présentations : « Marta » « Marc ». Elle s’esclaffe deux prénoms avec une consonance très proche !! (Photo Jean Daniel)
En route pour une petite traversée sur le lac Abahia à la rencontre des crocodiles ! Une autre forme de rencontre.
Après un rapide déjeuner, la caravane reprend sa route en direction de Konso, 80 km dont 40 de piste. Cette fois ce sont des troupeaux de vaches aux couleurs chatoyantes qui entravent le passage. C’est un slalom incessant entre ces troupeaux. Vitesse moyenne 20 km/heure ! La nuit est tombée et il est trop tard pour le concert de ce soir. Ce sera demain matin après une bonne nuit de repos !
« En quittant le centre artisanal de Dorzé, nous empruntons la piste qui descend et traverse le reste du village. Au son de l’accordéon, des enfants se regroupent autour de moi, chacun bousculant l’autre pour être au plus près et appuyer sur les touches. Alors de la main gauche je donne le rythme et chacun à leur tour ils pianotent une petite mélodie improvisée. Ils sont tout sourire. Un « petittout » très concentré a son visage qui s’éclaire petit à petit en écoutant la mélodie qu’il joue. Nous déambulons ensuite tout le long du chemin. Je joue, ils dansent en marchant et se joignent au fur et à mesure au petit groupe que nous formons. Un petit garçon qui m’accompagne se met à chanter la mélodie de l’accordéon, un autre promène une boite de conserve, Francis y dépose 3 cailloux et bat la mesure en l’agitant comme un maracas. En passant devant l’école une vague d’enfants me submerge. C’était très festif et rieur. Je parviens à m’extraire de cette petite foule. Une poignée d’enfants finit le chemin au son de l’accordéon. »
Chantal Ma.
« Nous quittons Dorzé pour rejoindre notre bus à pied. Sur le chemin quelques caravaniers entrent dans un collège, je les suis. Des élèves m’accueillent avec un joyeux « What ‘s your name ? ». Nous échangeons nos prénoms quand un adulte nous rejoint. Après m’être présentée, il m’invite à entrer dans la salle des profs. Là six enseignants préparent leur stencil. Rapidement je me sens à l’aise tout particulièrement avec la professeur de maths, Aseletech qui me montre ses livres. Nous échangeons naturellement sur les programmes. Oui les mathématiques sont un langage universel, car les symboles mathématiques, nombres, fractions, racines carrées…. s’écrivent de la même façon dans le monde entier.
Elle m’invite à entrer dans sa classe quand le gardien du temps de la caravane vient me chercher. Pour pouvoir prolonger cette rencontre, je prends son adresse. Peut être pourrais je acheter des fournitures scolaires à Addis-Abeba et les faire passer au collège par Abédjié. Je serais contente de donner un coup de pouce à cette école. Je préfère cette forme d’action à la distribution de cadeaux aux enfants qui me sollicitent dans la rue. »
Chantal Mu.