La journée qui s’annonce n’a rien d’ordinaire. Deux lieux magiques nous attendent : un monastère de moines BÖN, et une rencontre avec un chamane, ami de Marc et Cathy.
Mais avant, une réunion de groupe s’impose.
Michel nous expose le programme du jour en nous donnant des précisions sur la matinée que nous allons vivre.
Il y a environ 120 marches pour atteindre le monastère, mais heureusement, un autre petit chemin sera empruntable en camion pour le piano. « Sinon, les caravaniers le porteront ! De nuit et sous la pluie ! » dit Marc en plaisantant. Il ne croit pas si bien dire…
Puis, il prend la parole en ce qui concerne l’organisation du stockage du piano durant les quinze prochains jours. Car la décision a été prise, le piano ne partira pas au TIBET avec nous. Il restera à KATMANDOU. Une première dans l’histoire des Caravanes Amoureuses. Certains caravaniers réagissent vivement à cette nouvelle et sont invités à prendre la parole : n’avions-nous pas évoqué le désir de tenter d’aller jusqu’au bout, utilisant la force de la Caravane pour passer la frontière ?
Pour cette fois, la sagesse et le réalisme l’emportent. En effet, devant la décision d’une des plus grandes dictatures au monde, nous apprécions d’avoir obtenu un visa pour un si grand groupe. Nous ne souhaitons pas mettre en danger notre passage au TIBET en forçant celui du piano. Sans omettre le fait que le piano a été relativement malmené ces derniers jours. En contrepartie, est évoquée la possibilité d’acheter un piano numérique sur place, qui pourra être offert à un organisme ou à une personne locale. La Caravane Amoureuse ne force pas, mais elle reste la Caravane Amoureuse, avec ou sans piano.
Après ce point de mise à jour matinal nous nous dirigeons vers le monastère. Sur place, surprise, nous apprenons que le chemin pour monter le piano n’est pas praticable … S’ensuit alors un des moments les plus forts depuis le début de l’aventure. Caravaniers hommes et moines s’allient autour du piano, et lui font gravir, marche par marche, telle une scène surréaliste, les escaliers d’accès au sommet. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Ce moment magique ne peut pas être plus représentatif de cette devise.
A bout de forces mais conscients d’avoir accompli un miracle, c’est un lieu incroyable qui nous attend là-haut, avec sa vue splendide sur toute la ville de KATMANDOU et la centaine de moines qui nous accueillent.
Marc commence à jouer, à l’abri des parapluies qui apportent une touche visuelle romantique, devant tous les moines réunis, des enfants aux grands responsables monastiques. L’atmosphère tellement solennelle est méditative. C’est un moment unique.
Puis Cathy rejoint Marc pour un quatre mains et ensuite un morceau en solo.
Marc invite le moine Tsering Lama et partage un moment d'émotion intense.
Samuel enchaîne avec son hang et quelques voix.
Puis des caravaniers vont chercher à entraîner les moines en douceur avec des propositions de théâtre, de clown, de la danse, etc. Ils restent distants, mais leurs visages sont souriants, bienveillants. Leurs regards sont complices de notre démarche, même avec les femmes dont ils n’osaient pas s'approcher pas à notre arrivée. Il existe peu de mots pour décrire ce que nous vivons…
Après nous avoir remis la khata traditionnelle, le disque de leurs chants et le livre descriptif du monastère, c’est à leur tour de nous honorer.
Ils nous font le cadeau d’une prière au son du gong qui nous suivra dans l’HIMALAYA, pour la pérennisation des valeurs que nous portons.
Après le repas qu’ils nous ont généreusement offert, il est temps pour nous de rompre cet instant. Nous sommes en gratitude pour ces moines qui ont accepté exceptionnellement de nous ouvrir leur porte.
La descente du piano fut aussi un vrai défi pour les Caravaniers aidés des moines.
De retour à l’hôtel, certains caravaniers s’activent à décharger le piano sous la pluie et à le stocker dans un hall. C’est un instant émouvant que de devoir laisser le pilier de la Caravane à cet endroit. Mais au vu de l’exploit que nous avons réalisé ce matin, nous ne pouvons pas présumer des événements qui nous attendent au TIBET …
Rapidement, nous repartons en direction de l’hôtel de BHOLA, l’ami chamane de Marc et Cathy. Il vient tous les ans au Domaine d'ESSART, en CHARENTE, à GENAC lors du Festival Chamanique qui regroupe près de 180 chamanes mondiaux. Nous allons assister à une initiation chamanique. Après avoir été agréablement reçus avec du thé et des petits gâteaux, Bhola, souriant et très aimable nous guide au 7e étage. Il nous invite à nous installer confortablement dans une salle aménagée spécialement pour la cérémonie. Il nous explique alors le rôle et l’importance du chamane dans la société népalaise, ainsi que les fondements des rituels et leurs déroulements. Les chamanes font le lien entre les Ancêtres, la Nature et les Hommes. Au NEPAL, les habitants vont consulter un chamane avant d’aller consulter un médecin afin de différencier un mal spirituel, émotionnel ou physique.
Les chamanes et les médecins travaillent en complémentarité. Pour ceux qui sont réceptifs à ses paroles, la cérémonie commence et sera accompagnée tout du long par le tambour, instrument clé des rituels. A la fin de ce moment intense qui durera près de deux heures, Bolah nous offre à chacun une petite divinité népalaise en terre cuite pour nous accompagner jusqu’à la fin de notre aventure.
Puis, encore rêveurs de cette expérience extraordinaire, un festin nous attend pour le dîner.
Fin de soirée que nous passerons également à trier nos affaires, laissant derrière nous les effets qui ne nous paraissent pas « appropriés » lors notre séjour dans cette partie de la Chine les deux prochaines semaines.
Nous n’aurions pas pu espérer une plus belle journée avant notre départ vers la frontière tibétaine du lendemain matin. Ce dernier jour à KATMANDOU nous a rempli les yeux et le cœur, nous donnant la force nécessaire pour vivre ce qui nous attend.
« Pour moi, les oiseaux sont les messagers du ciel qui apportent un message de l’au-delà et à qui tu peux confier un message pour l’au-delà.
Et là, comme c’était un lieu avec beaucoup d’énergie, il y a un pigeon qui est descendu, puis un autre, puis plein, au milieu de ce carré de moines qui dégageaient plein d’énergie. Ils sont venus picorer là, accomplir leur mission : nous bénir avec les moines. »
« Chez le chamane, je me suis senti appelé par une forme d’énergie. J’ai senti que mon corps vibrait.
Il y a eu dans toute la cérémonie beaucoup d’énergie. Je me suis senti mieux après. J’étais en paix. Je pense que des choses se sont libérées en moi. »
«Moi je vis au rythme du piano. A l’arrivée j’étais plutôt content de la manière dont le piano était arrivé en bon état. Je n’étais pas en souci pour les diverses recherches de véhicule pour le piano. Les concerts se passaient bien. Marc était content. Quand le couvercle a été arraché, j’ai eu un petit moment de panique. J’étais inquiet pour la suite du programme. Heureusement, on a pu enlever le couvercle. J’ai eu peur pour la montée des marches parce que c’était très étroit. Il y avait des risques pour les hommes qui portaient. Je ne pensais pas qu’on pouvait monter un piano au monastère ! 150 marches !!! Heureusement la satisfaction était au rdv et le concert était plutôt exceptionnel ! Pour la descente, le piano pouvait se casser la figure, on pouvait avoir trois morts et des blessés graves. C’était impensable !!! Par chance on a eu la présence d’esprit de l’alléger en enlevant la mécanique et le couvercle. Et on a pu s’arrêter à 2/3 du chemin. Le camion a été avancé à un étage intermédiaire. Donc la satisfaction était totale d’autant plus que le piano arrêtait son aventure le soir même puisqu’il n’allait pas au TIBET.»